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Page:Revue des Deux Mondes - 1862 - tome 38.djvu/893

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de pays calcaires. La cause en est dans la constitution du terrain : il n’est point calcaire comme certains plateaux du midi de la France, désignés communément sous le nom de causses, et où se montrent fort peu de sources; mais il est de même fissuré. Les eaux pluviales, absorbées par le sol, descendent par les fissures de manière à aller former les cours d’eau petits ou moyens qui sourdent sur la pente des deux plans inclinés conduisant à la mer. En somme, le Mexique est un pays sec, assez souvent aride. Quelques lacs cependant y sont épais. Le plus grand est celui de Chapala, dont la surface est de plus de 300,000 hectares. C’est le double du lac de Constance, dont l’étendue est déjà peu commune. Il est situé dans la partie peuplée du plateau, non loin de l’importante ville de Guadalaxara. Il faut signaler aussi les lacs qui forment un réseau à côté de la ville de Mexico: ils sont au nombre de cinq et portent les noms de Tezcuco, Xochimilco, Chalco, San-Cristoval et Zumpango : ils occupent ensemble une superficie de 44,000 hectares. On en compte neuf autres au nord de la ville de Zacatecas et cinq autour de la ville de Chihuahua. Malheureusement l’eau de la plupart de ces lacs contient une proportion très sensible de carbonate de soude, à ce point qu’on a pu y établir l’exploitation de ce sel; mais cet avantage manufacturier est acheté par un grave inconvénient : l’eau des lacs est impropre à l’irrigation, qui partout est une si précieuse ressource pour la culture.

Le même sel dont nous venons de parler imprègne une partie du sol du Mexique. Il monte à la surface, attiré qu’il est par la sécheresse de l’atmosphère. Il apparaît en efflorescences très visibles à cause de leur couleur blanche. On le remarque par exemple dans la vallée de Mexico, au bord des lacs de Tezcuco, de Zumpango et de San-Cristoval, et dans une partie des plaines qui entourent la ville de la Puebla. La présence de ce sel est certainement un obstacle à la culture. Nulle part ce phénomène n’est plus prononcé qu’en Californie orientale, dans la vallée comprise entre la Sierra-Nevada et les Montagnes-Rocheuses. C’est un espace fort vaste, où récemment on a signalé et commencé d’exploiter de riches mines d’argent, parmi lesquelles celles de Washoë ont eu dès le premier moment une célébrité probablement excessive en comparaison de ce qu’elles valent. La salure y est très marquée, au point d’y rendre la végétation presque impossible; mais cette contrée a cessé de faire partie du Mexique: elle est incorporée dans l’Union de l’Amérique du Nord. Dans l’état actuel du Mexique, il n’y a pas lieu de beaucoup se préoccuper de cette salure du sol, quoiqu’elle en condamne une partie à une dénudation dont le regard est affligé; il reste bien d’autres terres, et d’excellentes, pour exercer l’industrie du cultivateur.