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Page:Revue des Deux Mondes - 1862 - tome 38.djvu/916

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de 1823, qui abattit la constitution des cortès et rétablit le pouvoir absolu de Ferdinand VII. L’Autriche accepta et remplit avec le même succès la même mission à Naples et dans le Piémont. On put croire que, dans leur emportement en faveur des principes de la légitimité et des droits absolus des souverains, les gouvernemens qui étaient les plus en avant dans la sainte-alliance, et au gré desquels les mots de république et de souveraineté nationale impliquaient le germe de tous les désordres, de toutes les usurpations et de tous les crimes, voudraient restaurer l’autorité légitime de l’Espagne dans les ci-devant colonies du continent américain. Les États-Unis s’émurent profondément de la passion réactionnaire que les cabinets du continent de l’Europe manifestaient par un langage violent et par des actes sommaires. Ils résolurent noblement de faire cause commune avec les républiques qui s’étaient érigées sur les ruines de la domination espagnole dans le Nouveau-Monde. Le président Monroë se fit le digne interprète de cette courageuse et prévoyante détermination de ses concitoyens, et le message qu’il adressa au congrès, à l’ouverture de la session, au mois de décembre 1823, portait la déclaration que les États-Unis se considéreraient comme solidaires des républiques qui seraient attaquées. On a tant parlé de la doctrine Monroë, qu’il n’est pas inopportun de transcrire ici le passage où elle est formulée.


« Je vous avais dit au commencement de la dernière session qu’un grand effort se faisait en Espagne et en Portugal pour améliorer la condition de l’une et de l’autre nation, et que la tentative paraissait conduite avec une modération extraordinaire. Je n’ai pas besoin de vous faire remarquer à quel point le résultat a été différent de nos prévisions. C’est toujours avec anxiété et sympathie que nous avons assisté au spectacle des événemens qui s’accomplissaient dans cette partie du monde d’où nous avons tiré notre origine. Les citoyens des États-Unis nourrissent les sentimens les meilleurs pour la liberté et le bonheur de leurs semblables de l’autre côté de l’Atlantique. Tant que la guerre a subsisté entre les puissances européennes, nous nous sommes abstenus d’y prendre part, de même qu’à toutes les affaires qui ne regardaient qu’elles ; notre politique nous le commandait. C’est seulement lorsque nos droits sont attaqués ou sérieusement menacés que nous nous sentons blessés et que nous nous préparons à nous défendre. Les événemens qui se passent dans notre hémisphère nous touchent plus immédiatement par des raisons qui se présentent d’elles-mêmes à tout observateur éclairé et impartial. Le système de politique générale des états de la sainte-alliance diffère essentiellement sous ce rapport de celui de l’Amérique. Cette différence procède de celle qui existe dans les institutions respectives. Notre nation est tout entière dévouée au maintien des institutions qui ont été acquises au prix de tant d’argent et de sang, mûries par la sagesse de nos concitoyens les plus éclairés et à l’ombre des-