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Page:Revue des Deux Mondes - 1866 - tome 63.djvu/322

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L'ITALIE
ET LA VIE ITALIENNE
SOUVENIRS DE VOYAGE

XI.
LA LOMBARDIE. - VERONE, MILAN, LES LACS[1].


Vérone, 2 mai 4864. — Le cirque, les églises.

Au sortir de Venise, le convoi semble marcher sur l’eau ; la mer luit à droite et à gauche, et vient se rider jusqu’à deux pas des roues ; puis les sables se multiplient parmi les flaques miroitantes, la lagune décroît, de grands fossés boivent ce qui reste d’eau et sèchent le sol. La plaine immense verdit et se peuple de cultures, les moissons se lèvent fraîches et jeunes, les vignes bourgeonnent aux arbres. Sur le penchant des coteaux, de jolies maisons de campagne se chauffent au soleil du midi ; mais au nord, entre la grande verdure plate et la grande rondeur bleue, les Alpes hérissent leur muraille noirâtre de rocs, leurs tours, leurs bastions ébréchés comme les ruines d’une enceinte ravagée par les canons, leurs anfractuosités d’où sortent des fumées pâles, et leur couronne dentelée de neiges.

Au bout d’une heure, on entre à Vérone, triste ville provinciale, pavée de petits cailloux, négligée. Beaucoup de rues sont désertes ; au bord des ponts, des tas d’immondices trempent dans le fleuve. Des restes de vieilles sculptures, des arabesques salies traînent çà et là sur les façades ; on sent une cité prospère autrefois, maintenant déchue.

  1. Voyez la Revue du 1er mai.