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Page:Revue des Deux Mondes - 1871 - tome 93.djvu/332

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azaléas que l’on connaisse[1]. Un arbrisseau de la famille des scrofulaires [2] paraît ravissant lorsque ses longues tiges tombent à profusion sur les pentes, souvent mêlées à la glycine, et les masses de fleurs roses d’un arbuste autrefois découvert au Japon (Dervillia rosea) excitent justement l’admiration. À Chusan, comme sur divers points de la province de Tché-kiang, la charmante glycine sauvage court sur les haies, grimpe sur les arbres, et ses tiges, alourdies par des grappes de fleurs, retombent en longues traînes sur les étroits sentiers qui conduisent dans les montagnes ; mais les azaléas que l’on a vus sur les montagnes du sud se trouvent ici attachés aux flancs des collines, et, rapportent tous les observateurs, il est difficile de se figurer la surprenante beauté des coteaux, où, si loin que la vue peut porter, les yeux s’arrêtent sur des champs de fleurs magnifiquement colorées. Et les azaléas ne sont pas les seuls : les clématites, les roses sauvages, les chèvrefeuilles, les glycines, se confondent au milieu d’arbrisseaux de la famille des myrtes ou de la famille des éricées. L’arbre à suif est abondant dans les vallées, ainsi que le camphrier ; le pin et le sapin de Chine (Cunninghamia lanceolata), si répandus dans les provinces du sud, sont également communs dans l’île ; mais le figuier luisant ne s’y trouve nulle part. Des forêts de bambous de diverses sortes sont encore à Chusan, ainsi que dans toute la province de Tché-kiang, de remarquables restes de la végétation des tropiques, et l’on assure que rien n’est joli comme le bambou jaune avec sa tige droite et lisse et sa tête verdoyante qu’agite le vent.

Le sol de l’île est extrêmement favorable aux cultures ; c’est un terrain d’alluvion qui dans les vallées est rendu très fertile par la grande quantité de matière végétale dont il est imprégné, et qui sur les collines, où il est moins imprégné d’eau, conserve un peu de gravier. Le blé, l’orge, le maïs, les pois, les fèves, couvrent de grandes surfaces. On cultive également le trèfle, et surtout, comme dans la province de Tché-kiang, une plante oléagineuse, le chou de la Chine, ayant des tiges hautes de plus de 1 mètre. Au mois d’avril, les fleurs étant épanouies, la contrée paraît vêtue d’un tapis d’or, et une délicieuse senteur est répandue dans l’atmosphère. Une grande ortie cultivée, mais que l’on trouve dans le pays à l’état sauvage, fournit un fil très bon pour fabriquer des cordages. Un palmier qu’on entretient sur les collines donne aussi une matière textile, et le palmier à chanvre une fibre extrêmement résistante, propre à confectionner des chapeaux et des vêtemens qui permettent de braver

  1. Daphne Fortunii et Azalea ovata.
  2. Buddlea Lindleyana.