Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 100.djvu/228

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ras de moins pour le cabinet de Londres. Il reste à savoir si l’assez triste façon dont toute cette affaire a été conduite ne va pas maintenant jouer un rôle décisif dans les luttes qui se préparent entre l’opposition conservatrice, à la tête de laquelle marchent des hommes comme lord Derby, M. Disraeli, et le ministère de M. Gladstone.

De quelque manière que se déroule le combat des partis anglais, il se dénouera toujours régulièrement ; ce n’est point là l’histoire de l’Espagne, qui en est toujours à se débattre avec l’insurrection carliste et qui va de plus avoir au premier jour une crise électorale nouvelle, puisque le ministère radical appelé au pouvoir par le roi Amédée vient de dissoudre les cartes, pourtant élues tout récemment. Certes, si quelque chose peut donner une idée de ce qu’il y a d’étrange dans la situation de l’Espagne, c’est ce simple fait que l’homme élevé aujourd’hui au poste de premier ministre, M. Ruiz Zorrilla, est le même qui se retirait des chambres avec éclat il y a quelques semaines, et qui écrivait au roi Victor-Emmanuel une lettre où il déplorait l’aveuglement de son fils, le roi Amédée, en annonçant sa prochaine déchéance. M. Zorrilla est aujourd’hui premier ministre. Il s’est empressé de faire les déclarations les plus libérales et les plus constitutionnelles. Malheureusement son premier acte a été de dissoudre les cortès en dehors de toute condition de légalité constitutionnelle, et il va bien être obligé maintenant de prendre toute sorte de mesures financières qui n’auront pas été votées par les chambres. Des protestations se sont déjà élevées contre de si singuliers procédés. Tout compte fait, le roi Amédée a pour le moment auprès de lui M. Ruiz Zorrilla et le parti radical, c’est vrai ; il a en revanche contre lui les carlistes, qui sont en armes dans le nord, les républicains, qui attendent le moment d’entrer en lice, les alphonsistes, qui viennent de lever décidément leur drapeau, les unionistes, dynastiques jusqu’ici et maintenant irrités du rappel des radicaux au pouvoir. Tous ces partis, toutes ces factions s’agitent, se démènent, se menacent, et à coup sûr ils ne projettent ni une grande sécurité au trône du roi Amédée, ni le repos à l’Espagne.

CH. DE MAZADE.

LES THÉÂTRES.

La scène paraît enfin se raviser ; elle reprend des allures honnêtes, et nous espérons bien que sa résolution d’être sage n’est pas une fantaisie d’un moment, une mode pour la saison d’été, pour le temps où il faut plaire aux familles correctes de la province. Il s’agit maintenant de mettre de bonnes pièces au service des bonnes mœurs, et de ne pas compter sur la vertu toute seule pour emporter le succès. Nous avons toujours cru pour notre part que ce pays et cette génération étaient calomniés par le théâtre, calomniés par la critique, lorsque celle-ci flat-