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Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 100.djvu/630

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et les objets de valeur, de les charger sur les chaloupes et de s’embarquer ; ils virent emporter par les Malgaches ce qu’ils avaient laissé. Les Ovas étaient pleins de confiance dans leurs travaux de défense, surtout dans un fort en pierre construit depuis peu par des Arabes de Zanzibar. Les bâtimens de guerre français et anglais, agissant de concert, criblèrent de bombes et d’obus les fortifications de Tamatave. Les ravages étant jugées considérables, des colonnes de débarquement envahirent les ouvrages entamés, et tuèrent un grand nombre des défenseurs. Après ce châtiment, bien faible en réalité et sans autre résultat que l’abandon forcé du pays par les commerçans, les navires, mettant à la voile le 17 juillet 1845, longèrent la côte afin de recueillir les Européens qui ne voudraient pas demeurer exposés aux insultes et aux vengeances des Malgaches[1]. Pour les Anglais et les Français, le sort était pareil ; mais les premiers éprouvaient une perte plus grande, — ils comptaient une trentaine de navires constamment employés à faire le voyage de Madagascar, les Français n’en avaient pas plus de huit[2].


IV

Pendant la période qui commence avec les premières relations entre les Européens et les Ovas, et qui finit avec l’expulsion des étrangers, des observations de plusieurs genres et des recherches scientifiques d’un haut intérêt ont été faites dans la grande île africaine. Une province centrale, des régions du nord, des peuples inconnus aux explorateurs du XVIIe et du XVIIIe siècle, ont été les sujets d’études particulières. Les membres de la mission anglaise et divers voyageurs avaient recueilli de nombreuses informations ou s’étaient livrés à des investigations sur la nature du pays. Ainsi, à l’aide de documens encore nouveaux, le révérend William Ellis a composé en 1838 une histoire de Madagascar[3], qui conserve même aujourd’hui une importance exceptionnelle parmi tous les écrits relatifs à la Grande-Terre. Comme le remarque l’auteur estimé d’une notice sur la géographie de ce pays, M. Eugène de Froberville, l’ouvrage ne comprend guère que l’histoire d’une province, mais il s’agit du peuple qui s’est révélé dans le siècle actuel, de la

  1. Les actes du gouvernement français concernant Madagascar sont rapportés avec plus ou moins de détails dans divers ouvrages : Macé Descartes, Histoire et Géographie de Madagascar, Paris 1816. — Barbié du Bocage, Madagascar, possession française depuis 1642, Paris 1858 ; — Louis Lacaille, Connaissance. de Madagascar, Paris 1862.
  2. Rapport fait le 20 mars 1844 par un capitaine de navire français. — Annales maritimes et coloniales, t. LXXXVIII, p. 48, 1844.
  3. History of Madagascar, 2 vol. London 1838.