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kilomètres dans la direction du sud. Des pirogues ou des canots permettent d’accomplir presque tout le trajet sans fatigue ; c’est à Andouvourante que le voyageur abandonne le voisinage de la mer pour pénétrer dans l’intérieur du pays.

On se rappelle combien le climat de la côte de Madagascar plaisait à nos anciens compatriotes du fort Dauphin ; bien différent, celui de la province d’Imerina est peut-être encore davantage du goût des Français et des Anglais. D’après les missionnaires, au pays des Ovas la plus forte chaleur atteint à peine 30 degrés[1] ; la plus basse température est de 4 à 5 degrés au-dessus de zéro. Pendant l’hiver, c’est-à-dire du mois de mai au mois d’octobre, le thermomètre ne s’élève guère au-dessus de 6 à 7 degrés. En été, les fluctuations sont parfois rapides et très considérables ; le thermomètre, qui marque au matin 3 ou 4 degrés, monte à 26 ou 27 entre deux et trois heures de l’après-midi ; sur les hautes montagnes, le froid paraît être souvent assez vif. En hiver, la pluie tombe à peu près tous les jours, fréquemment accompagnée de grêle ou de tonnerre ; en été, elle est extrêmement rare. Tandis que les parties basses et marécageuses de la Grande-Terre offrent en général un séjour malsain pour les étrangers, la région montagneuse est réputée fort salubre.

Le pays des Ovas, désigné sur les cartes et dans toutes les relations sous le nom d’Ankova[2], est une contrée triste, de peu d’intérêt pour un naturaliste ; les montagnes, où l’œil cherche en vain des arbres ou des buissons, présentent une déplorable monotonie. Dans la saison pluvieuse, l’herbe pousse dans les vallées et jusque sur les collines, mais dans la saison de la sécheresse l’aridité est désolante ; c’est à peine si l’on rencontre un peu de verdure dans quelques endroits arrosés par l’industrie des hommes. Seule peut-être, une vallée à l’ouest de Tananarive, vallée couverte de plantations, traversée par la rivière Ikiopa, qui serpente autour de la ville à distance inégale, est vraiment d’un bel aspect.

L’Ankova comprend trois districts : l’Imerina, l’Imamo et le Vonizongo ; ces deux derniers ont été réunis à la province d’Imerina par le père de Radama. Tananarive est bâtie sur une colline longue et irrégulière dominant une vaste étendue de pays. D’après les observations faites en 1828 par M. Lyall, l’agent britannique dont nous avons rappelé les mésaventures, la position géographique de la capitale des Ovas est par 48° 56’ 26" de latitude sud et par 45° 37’ 22" de longitude est du méridien de Paris. Suivant une estimation un peu vague, le point culminant serait à plus de 2,000 mètres

  1. 30 degrés centigrades = 85 du thermomètre Fahrenheit.
  2. Nous avons indiqué dans notre première partie l’origine des noms d’Antanossi, d’Antandrouis, etc. ; c’est un même mode de formation pour le mot Ankova avec le changement du t en k, — c’est-à-dire, là, les Ovas, ou plutôt chez les Ovas.