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Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 1.djvu/76

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mer, ou bien des plaques de terre cuite ou d’os façonnées à la main. L’ouvrier a le plus souvent entaillé les deux côtés pour figurer le cou d’une femme et diminué la largeur de la partie supérieure, ce qui les rapproche du profil des vases. Sur la partie large, il a gravé deux points et un autre plus bas pour désigner les seins et le nombril ; au-dessus du cou, là où est la tête de la chouette, il a tracé en deux lignes les arcades des yeux et le bec, et désigné par deux points les yeux eux-mêmes  ; sur d’autres idoles, la face est tracée plus simplement encore, c’est une ligne verticale entre deux points Figurez-vous, lecteur, que ce sont des yeux qui vous regardent et dites-vous à vous-même : c’est un palladium. Nous voilà dans le monde des monogrammes ; quand ceux-ci se trouvent sur les petites pierres plates dont j’ai parlé, ce sont des amulettes que chacun pouvait porter sur soi ou vénérer dans sa maison ; mais on est allé plus loin : il y a des vases sur lesquels le monogramme se trouve seul et sans aucune forme de chouette ou de femme ; cependant il est bien certain que c’est là un signe de bon augure et qui signifie Minerve. La déesse monogrammatique se trouve partout dans la couche incendiée : parmi les objets composant le trésor, il y a deux magnifiques diadèmes de femme en or pur ; c’est un cercle d’or entourant la tête et duquel pendent une multitude de petites chaînes reliées entre elles par des anneaux. Ces chaînes portent un grand nombre de feuilles d’olivier en or, imbriquées comme des écailles de poisson ; la dernière écaille de chaque chaîne est un palladium. Les princesses du temps en avaient donc la tête et les épaules toutes garnies.

Nous voici maintenant parmi les objets qui représentent les idées religieuses du temps. La Minerve chouette est la seule divinité qui y soit figurée en personne, à moins que l’on ne prenne pour une Junon à tête de vache, boôpis, une petite plaque d’os ayant un long cou et une tête garnie de deux cornes et de deux oreilles. Sauf cet exemple à peu près unique d’une divinité figurée autre que Minerve, tous les objets d’un caractère religieux sont des dessins gravés sur la terre molle et souvent remplis de cette argile blanche dont j’ai déjà parlé. À peu d’exceptions près, ils se trouvent sur des boulettes de terre cuite ou sur ces espèces de pesons coniques que les Italiens ont nommés fusaïoles. Ce sont, dis-je, les savans italiens qui ont créé cette désignation, parce qu’un certain nombre d’objets semblables ont été trouvés dans les terramares ou anciennes habitations lacustres des environs de Bologne et dans le cimetière préhistorique de Villanova ; les plus intéressans d’entre eux font partie des collections de MM. Bianconi et Gozzadini. Nous en avons aussi