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Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 5.djvu/346

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En étudiant les documens nombreux qui constatent les efforts du gouvernement italien pour reconstituer l’enseignement à tous ses degrés, depuis la salle d’asile jusqu’aux universités, nous nous trouvons en présence de la plupart des questions qui depuis plusieurs années s’agitent en France. Il importe de signaler les efforts d’un pays voisin ayant à soutenir une lutte à laquelle nous ne pouvons nous-mêmes nous soustraire. Ce n’est pas sans doute ici le lieu de suivre dans tous leurs détails les innombrables réformes qui se sont accomplies dans la péninsule italienne ; il nous suffira de mettre en lumière les points les plus essentiels de ces réformes, et surtout de faire apprécier l’esprit général qui les a inspirées. Le grand travail de réorganisation qui se poursuit en Italie depuis dix ans, et qui est encore en ce moment l’objet de plusieurs lois soumises à l’adoption des chambres italiennes, ne peut manquer d’intéresser toutes les personnes qui attendent en France le moment où la lutte des partis aura cessé de mettre en suspens l’étude calme et réfléchie des réformes à introduire dans notre système d’enseignement public.

La plupart des décrets publiés successivement par le gouvernement italien et des lois votées par le parlement ont eu pour point de départ la loi du 13 novembre 1859, présentée par le ministre Casati : elle réorganisait l’enseignement public dans le Piémont et la Lombardie, elle déterminait les attributions de l’administration centrale et des administrations locales préposées à l’instruction publique, elle réglait l’enseignement primaire, celui des facultés, des gymnases, des lycées, des écoles techniques et des écoles normales. Un des articles de cette loi imposait au ministre de l’instruction publique l’obligation de présenter tous les cinq ans un rapport général sur la situation des écoles de tous les degrés dans les différentes parties du royaume. Une première enquête fut faite en 1865 par le conseil supérieur : elle donna lieu à un rapport extrêmement intéressant de son vice-président, M. G. Matteucci, qui, soit comme ministre, soit comme publiciste, soit comme membre du conseil supérieur, a pris une part considérable à toutes les mesures proposées par le gouvernement italien pour la réforme de l’instruction publique[1]. Plus tard, le sénat, dans sa séance du 22 juin 1868, ordonna une enquête spéciale sur l’instruction primaire. Les membres chargés de cette enquête furent MM. le comte Mamiani, Michel Amari, Berti, Tenca, Spaventa, Bonghi, Villari et Buonazia. Déjà de nombreux tableaux statistiques avaient été publiés en 1865 et en

  1. La vie de cet homme d’état, que notre Institut de France comptait au nombre de ses membres correspondans les plus actifs et les plus distingués, a été retracée dans un ouvrage ayant pour titre Carlo Matteucci e l’Italia del suo tempo, Rome 1874.