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Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 5.djvu/371

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et les provinces qui doivent en faire les frais sont bien surchargées, et ne peuvent aujourd’hui subvenir aux dépenses qu’elle nécessite. Le gouvernement voudrait la soustraire à l’influence cléricale, hostile à ses principes politiques ; mais ceux qui, pour dégager la responsabilité de l’état et sauvegarder la liberté de conscience, proposent de supprimer l’enseignement religieux dans les écoles et d’en remettre exclusivement la direction aux pères de famille, rencontrent une formidable opposition. Quant à l’enseignement secondaire, les cadres en sont fortement constitués par la distinction établie entre les écoles techniques et les gymnases d’une part, et les lycées classiques de l’autre : j’en ai signalé les avantages.

Les facultés et les hautes écoles spéciales pour les lettres, les sciences et les beaux-arts sont nombreuses ; quelques-unes jouissent d’une juste célébrité. En se chargeant de pourvoir seul à leur direction et à leur entretien, l’état assume une grande responsabilité. Ne cherchera-t-il pas cependant à concilier le droit qui lui appartient avec les exigences de la liberté ? C’est une question qui se pose en Italie aussi bien qu’en France. Les débats auxquels elle doit donner lieu tôt ou tard dans notre assemblée nationale ne pourront manquer d’exciter un vif intérêt de l’autre côté des Alpes.

Attachera-t-on en France la même importance aux détails que nous venons d’exposer, autant qu’il nous était possible de le faire dans une rapide revue ? Nous voudrions pouvoir l’espérer : de trop cruelles leçons ont appris ce qu’il en coûte à une nation pour se renfermer dans une admiration exclusive de ses propres institutions et pour négliger l’étude sérieuse de celles des autres pays. Nous avons dû choisir, parmi les mesures prises par l’Italie pour donner à l’éducation publique une organisation puissante et largement libérale, celles qui touchent de plus près aux questions qui malheureusement ne sont pas encore entièrement résolues pour nous-mêmes. Si elle n’a pu triompher des difficultés qui s’opposent encore à son désir légitime de donner à la société laïque, dans l’éducation nationale, la prépondérance que les conquêtes de l’esprit moderne lui ont assurée dans l’ordre politique, elle les a du moins abordées avec un courage et une résolution dignes d’éloges, et c’est un exemple qu’il nous a semblé utile de mettre sous les yeux de nos lecteurs français.


C. HIPPEAU.