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Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 5.djvu/607

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point à leurs recherches que la science en demeure redevable. Afin de frapper le lecteur qui n’a pas vécu dans la familiarité des études zoologiques, ils extraient des ouvrages des observateurs les images représentant les formes embryonnaires de plusieurs types d’animaux, et alors ils s’écrient : Voyez jusqu’où va la ressemblance. L’opération n’a pas coûté grand effort. Ainsi que nous l’avons déjà rappelé, on sait à merveille combien les rapports des êtres au point de départ sont saisissans. Par l’étude comparative des premières phases du développement ont été déterminées pour une foule d’animaux des relations naturelles que les caractères des adultes ne permettaient pas de soupçonner. La ressemblance de tous les vertébrés au début de la vie embryonnaire est donc parfaitement connue ; mais cette ressemblance ne signifie pas l’identité. Rapprocher d’un embryon humain l’embryon d’un chien, pour conclure que l’homme et le chien ont une origine commune, devient une pure fantaisie. De l’œuf d’une carpe, de l’œuf d’un moineau, de l’œuf d’un chien ou d’un lapin, ne se développera jamais autre chose qu’une carpe, un moineau, un chien ou un lapin. Toutes les influences imaginables ne modifient en rien l’évolution des êtres ; un trouble profond n’amène qu’une monstruosité.

Les animaux à métamorphoses ne font nulle exception à la règle générale. La grenouille, comme la salamandre, est d’abord un têtard vivant à la manière des poissons ; elle ne prend sa forme définitive que par une suite de changemens qui frappent tous les yeux ; le cycle ne s’accomplit pas moins avec une régularité fatale. Depuis une dizaine d’années, on a beaucoup parlé des axolotls. Ces batraciens, de taille assez forte, ressemblent aux salamandres d’eau, les tritons, avant la dernière métamorphose ; en un mot, les axolotls, animaux aquatiques, portent des branchies. On savait qu’ils se reproduisent, et cette circonstance les faisait considérer comme des êtres adultes ; on les classait parmi les batraciens à branchies persistantes : les pérennibranches. L’espèce du Mexique apportée au Muséum d’histoire naturelle devint l’objet d’observations très suivies de la part de M. Auguste Duméril. À la grande surprise des naturalistes, on vit des axolotls perdre leurs branchies, et se transformer comme se transforment les tritons qui abondent dans nos étangs. Ces batraciens avaient achevé un développement qui n’est pas nécessaire pour la propagation ; on les reconnut tout aussitôt pour des amblystomes, ainsi qu’on avait nommé le type parfait avant d’être instruit de la métamorphose des axolotls. Jusqu’ici les amblystomes ne se sont pas reproduits en captivité. Que l’espèce perde ou conserve la faculté d’engendrer lorsqu’elle acquiert le développement ordinaire des batraciens à longue queue, l’évolution s’effectue toujours suivant la loi générale. Les exemples d’êtres