Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 5.djvu/68

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


II.

Avant l’année 1872, la Birmanie n’avait encore de traité qu’avec l’Angleterre, traité qui pèse au gouvernement birman, bien que les Anglais y mettent toutes les formes possibles. Le gouvernement de Calcutta entretient depuis la dernière guerre un résident à Mandalay, capitale actuelle de l’empire birman, et ce résident a un délégué à Bhamo, qui se tient au courant des relations de commerce qui existent avec la Chine. Ce résident est généralement choisi parmi les officiers détachés aux affaires indigènes des Indes. Ce n’est pas se tromper que de dire que l’Angleterre ne rêve de ce côté aucune annexion ; seules, une politique carrément hostile aux Anglais ou des émeutes que l’on est en droit de prévoir à la mort du roi actuel, et qui entraveraient le commerce britannique, pourraient décider le gouvernement de Calcutta à intervenir en Haute-Birmanie.

En 1872, le roi de Birmanie envoya une ambassade qui devait se rendre en Italie, en France et en Angleterre, elle avait pour but de jeter les bases d’un traité de commerce avec les deux premières de ces nations et de toucher quelques questions politiques avec l’Angleterre. Depuis longtemps, le roi préparait l’envoi de cette ambassade, et à cet effet de jeunes Birmans avaient, depuis plusieurs années, été envoyés à Paris et à Londres pour y étudier les langues occidentales.

L’Angleterre accueillit l’ambassade avec égards et bienveillance, mais répondit que le vice-roi des Indes était le délégué du gouvernement britannique, et que c’était avec lui que les questions birmanes devaient être discutées. L’Italie conclut un traité de commerce ; le terrain avait été pour ainsi dire préparé de longue date par les anciens missionnaires italiens, remplacés depuis par des missionnaires français. Le père Abbona particulièrement, qui avait longtemps vécu en Birmanie, n’avait pas peu contribué à faire connaître sa patrie dans ces contrées. La France mit peu d’empressement à répondre aux propositions des ambassadeurs ; cependant M. de Rémusat finit par préparer un traité de commerce pur et simple, qui fut voté par l’assemblée, et dont les ratifications devaient être échangées à Mandalay par l’intermédiaire d’un envoyé français.

Pourquoi les Birmans tenaient-ils tant à un traité avec la France ? C’est qu’ils avaient entendu parler de ce pays et de son histoire, de son ancienne influence dans les Indes, de ses vertus militaires. Le bruit de nos désastres était bien arrivé à Mandalay, mais on ne