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Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 5.djvu/773

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LES
ETUDES D’ERUDITION
EN FRANCE ET EN ALLEMAGNE

L’examen comparé de l’activité érudite en France et en Allemagne est un sujet complexe et à beaucoup d’égards très délicat. Si on met en parallèle l’état des hautes études chez nous et chez nos voisins, il est difficile, alors que l’on s’arrête aux mérites de l’un des deux pays, de ne pas être accusé par instans de partialité. Dans un tableau de ce genre, tout est nuance ; la page qu’on vient de lire doit être commentée par celle qui la suit ; les considérations de détail sont si nombreuses que, pour les apprécier avec sûreté, il faut souvent se mettre à distance et les regarder d’ensemble. Dans l’analyse des tendances différentes qui distinguent les deux nations, il importe aussi de ne pas confondre l’essentiel et l’accessoire. Si on s’attache aux causes premières, le sujet s’élève ; les dangers de la polémique mesquine disparaissent, la critique dès lors a toute liberté ; elle sait bien du reste que les deux formes d’esprit dont elle étudie quelques-unes des manifestations particulières ont une égale valeur pour le progrès de la haute culture intellectuelle.


I.

Quand on est tenté de nous déprécier dans l’ordre de l’érudition, on oublie que trois des sciences modernes les plus importantes sont nées dans des chaires françaises. Le temps présent doit à Eugène Burnouf la connaissance du zend, et par là en grande partie l’étude comparée des langues indo-européennes. Abel Rémusat et Stanislas Julien ont été les premiers sinologues de ce siècle. Dans l’intelligence