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Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 5.djvu/86

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LES
PEINTURES ANTIQUES
DU MUSÉE DE NAPLES

LES NOUVELLES DECOUVERTES DE POMPEÏ.

L’intérêt des états exige souvent de sanglantes hécatombes où périssent par milliers les plus jeunes, les plus braves et les plus dignes ; on se réjouit d’une victoire sans trop compter les larmes des mères. Au nom de l’intérêt de la science, non moins indiscutable que l’intérêt des états, les générations modernes ne sont-elles point pardonnables de se réjouir de la grande éruption du Vésuve de l’an 79, catastrophe qui ensevelit cinq villes, qui causa la mort de plus de la moitié de leurs habitans, et qui plongea les survivans dans toutes les misères ? Sans cette bienheureuse cendre volcanique, qui a comme embaumé les antiques cités des Osques, que resterait-il de Pompéi et d’Herculanum ? Il en resterait ce qu’il reste de Capoue, ce qu’il reste de Corinthe, ce qu’il reste de Brindes : une colonne isolée, les gradins d’un amphithéâtre, les substructions d’un temple, une stèle fruste, une inscription sur la paroi d’un sarcophage, et, à plusieurs pieds sous terre, une poignée de médailles à côté de quelques fragmens de poteries. La vie intime de l’antiquité, à laquelle nous a soudain initiés Pompéi, serait fermée. Il y aurait bien les livres ; mais lire est peu, si on ne voit, si on ne touche. À Pompéi, dans ces rues étroites, à hauts trottoirs, parsemées au milieu