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Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 5.djvu/895

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UNE
NOUVELLE SCIENCE
AUXILIAIRE DE L’HISTOIRE

LA SIGILLOGRAPHIE OU SCIENCE DES SCEAUX.

La physique nous apprend qu’un papier enduit d’une certaine substance et exposé dans la chambre noire à l’action des rayons solaires en subit l’influence sans que notre œil puisse le percevoir. Il faut un travail de l’homme, une manipulation particulière pour que l’image qui s’était réfléchie sur le papier devienne visible ; alors seulement on constate que la feuille préparée par le photographe a gardé l’empreinte de l’objet devant lequel elle avait été présentée. Un phénomène analogue se produit en archéologie. Les sociétés passées ont laissé sur mille choses qu’elles nous ont transmises le reflet invisible de leur image, c’est-à-dire de leurs idées, de leurs croyances, de leurs institutions, de leurs mœurs ; c’est comme un dessin tracé à l’encre sympathique, qui n’apparaît qu’après l’intervention de certains procédés. Le travail à exécuter n’est point, il est vrai, une manipulation chimique ; il demande plus d’efforts et surtout plus de temps, car il consiste en une suite d’observations critiques et de recherches attentives, qui ne sauraient s’accomplir en quelques minutes dans un laboratoire. L’archéologie fait parler des témoins qui semblaient muets, et les personnes étrangères à cette science s’étonnent de voir tout ce que des débris qu’on pouvait supposer inutiles et sans valeur nous disent sur les anciens âges. C’est par le progrès de la science qu’on a reconnu l’importance de chétifs vestiges auparavant dédaignés. Qui se serait douté, il y a un siècle, de