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Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 5.djvu/926

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Or, si l’histoire politique n’a que bien peu à glaner dans la sigillographie, l’iconologie sacrée y puise, en revanche, d’abondans matériaux. « L’iconologie, écrit le marquis L. de Laborde, peut demander aux sceaux de précieuses notions, même après avoir épuisé les ressources offertes par les vitraux et les sculptures des monumens religieux. Presque tous les saints, portant leurs attributs, figurent sur les sceaux à titre de patrons d’églises, d’abbayes, de villes, de corporations et de personnes ; ils s’y présentent avec l’exactitude minutieuse exigée par celui qui, placé sous leur protection, connaissait mieux leur légende. La critique historique réclame depuis longtemps un fil conducteur qui permette de distinguer entre elles les légendes, leurs branches et leurs variétés, de déterminer à quelle date et dans quel pays tel attribut est particulier à tel saint. Les sceaux ont seuls cette autorité, cette universalité, et leur rapprochement, facilité par une collection d’empreintes, permettra enfin de sortir du dédale dans lequel l’archéologie s’égare. » Toutefois, si la sigillographie éclaire la chronologie et la géographie des légendes pieuses, elle a besoin, pour comprendre les sujets qu’elle recueille sur les monumens, de l’étude des textes. Sans les actes des martyrs, sans les vies de saints, elle ne saurait expliquer tant de scènes hagiographiques, sur lesquelles l’inscription garde le silence, et ici le monument ne parle pas de soi-même. Je ne citerai aucun de ces sceaux dont les types sont fournis par l’Écriture sainte, par l’histoire des apôtres, des martyrs et des confesseurs, par des représentations du Christ, de la Vierge et des anges. Quelques mots seraient insuffisans pour faire apprécier ces richesses iconographiques. Je serais embarrassé de choisir entre ces innombrables miracles dont la piété naïve du moyen âge remplissait la biographie du saint patron, du fondateur d’ordre, du prélat vénéré, et qu’elle se plaisait à reproduire sur les sceaux. La vue des monumens eux-mêmes peut seule donner une idée d’un si abondant répertoire iconologique.

Les scènes de la vie privée sont moins rares sur les monumens sigillographiques que la représentation des événemens de l’histoire. Il était naturel à des seigneurs, à des bourgeois, de prendre pour emblèmes les occupations qui remplissaient leur existence : pour les premiers, la guerre et la chasse, pour les seconds tout ce qui avait trait au commerce et à l’industrie. J’ai déjà parlé des sceaux où apparaissent des personnages en costume de chasse. Les Lusignan par exemple aimaient à se faire ainsi représenter. L’on voit fréquemment sur les sceaux la poursuite d’un cerf ou d’un sanglier. Dans les scènes de la vie roturière, la pêche occupe une grande place ; il est des villes qui l’ont adoptée pour emblème. Un sceau de Biarritz par exemple, qui porte la date de 1351, nous offre une scène de la pêche