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FLAMARANDE

QUATRIÈME PARTIE[1].

XLIX.

Au bout de trois heures, j’avais tout lu, même les lettres de Mme de Flamarande, cachées dans un tiroir particulier avec un secret ad hoc. J’avais compté tout l’argent de M. de Salcède, vingt-cinq mille francs en billets de banque et en traites sur l’étranger, cinq mille francs en monnaies d’or et d’argent françaises et étrangères. Un pareil en cas monétaire abandonné ainsi dans la maison du désert témoignait de la moralité du pays ou de l’insouciance du propriétaire. Pourtant Salcède devait tenir à cette bourse, elle était évidemment en réserve pour une éventualité imprévue qui le forcerait de passer soudainement à l’étranger avec l’enfant, peut-être avec la comtesse. Cette réserve n’était pas destinée à payer l’achat de sa terre et la construction de sa maisonnette ; je trouvai toutes les factures acquittées, ainsi que le contrat de vente passé avec la commune. Une partie de la forêt qui garnissait les pentes du Puy-Griou était comprise dans le marché. L’acquisition des terrains dotait de 1847 ; la bâtisse avait été terminée en 1848. Il y avait donc environ deux ans que M. de Salcède était installé là sous le simple prénom de M. Alphonse, comme le témoignaient toutes les lettres à lui adressées poste restante à Saint-Cirgues de Jordanne, et je ne l’avais pas su, et M. le comte ne s’en était pas douté ! et le monde entier, sauf Mmes de Flamarande et de Montesparre, le croyait fixé en Amérique ! Ses lettres d’affaires ou de famille, venant de Paris ou d’Espagne, lui étaient parvenues par l’intermédiaire de la fidèle

  1. Voyez la Revue du 1er, 15 février. et du 1er mars.
tome viii. — 15 mars 1875.                                                                                16