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Page:Revue des Deux Mondes - 1889 - tome 95.djvu/377

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n’aurons-nous plus, dans la suite, à revenir sur les modifications apportées alors au régime de la Compagnie et sur les conditions désormais, fixées de son existence légale. Notre tâche consistera uniquement à résumer l’histoire de l’Académie des Beaux-Arts dans un récit débarrassé, une fois pour toutes, des complications relatives à la révision des statuts ou aux formes de la procédure.

Sans compter les dix académiciens libres, qui tous, excepté Castellan, avaient été choisis en dehors de l’Institut, les quarante membres dont se composait en 1816 la nouvelle Académie des Beaux-Arts y figuraient dans l’ordre que voici : onze nommés à l’époque même de la fondation de l’Institut (les peintres Van Spaendonck, Vincent, Regnault, Taunay, les sculpteurs Roland, Houdon, Dejoux, les architectes Gondoin et Peyre, les compositeurs de musique Méhul et Gossec) ; — sept dans le cours des années suivantes, antérieurement à l’établissement de l’empire (Denon, Visconti, Dufourny, Hourtier, Bervic, Jeuffroy et Grandménil) ; — neuf élus sous le règne de Napoléon (Ménageot, Gérard, Lemot, Cartellier, Lecomte, Percier, Fontaine, Duvivier et Monsigny) ; — neuf élus pendant les cent jours, et dont le gouvernement royal avait d’abord annulé l’élection (Girodet, Gros, Guérin, Meynier, Carle Vernet, Rondelet, Bonnard, Cherubini et Le Sueur) ; enfin quatre directement nommés par le roi (Le Barbier, Bosio, Dupaty et Destroyers).

Le nom d’un artiste plus célèbre qu’aucun autre à cette époque, le nom de David, cessait, on le voit, d’être inscrit sur la liste des membres de l’Institut. Tout d’ailleurs, pour l’ancien député de Paris, pour l’ex-premier peintre de l’empereur, ne devait pas se borner à cette exclusion du corps auquel il avait appartenu depuis l’origine. Dès le mois de janvier de l’année 1816, une loi votée par les deux Chambres, malgré l’opposition de M. de Serres, de M. Royer-Collard et de quelques autres généreux esprits, condamnait au bannissement à perpétuité du royaume « ceux des régicides qui, au mépris d’une clémence sans bornes, avaient adhère à l’acte additionnel du 22 avril 1815, accepté des fonctions ou des emplois de l’usurpateur, et qui par là s’étaient montrés ennemis irréconciliables de la France et du gouvernement légitime. » Les hommes que cette condamnation atteignait étaient, « sous peine de déportation, tenus de sortir du royaume dans le délai d’un mois. »

Aussitôt que cette loi, si malencontreusement intitulée « loi d’amnistie, » eût été promulguée, David s’occupa des préparatifs de son départ. Il avait songé d’abord à aller s’établir à Home, au milieu de ces chefs-d’œuvre de l’art antique étudiés par lui dans sa jeunesse, et à la lumière desquels, disait-il, il lui avait été donné