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Page:Revue des Deux Mondes - 1889 - tome 95.djvu/391

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de l’ordonnance dont nous parlions tout à l’heure, Louis XVIII lui assigna pour demeure, — et, cette fois, pour demeure définitive, — les locaux affectés naguère au Musée des monumens français. De plus, par une nouvelle ordonnance en date du 4 août 1819, le roi lui donnait un règlement complet et prescrivait les travaux d’appropriation nécessaire pour que l’École des Beaux-Arts, reconstituée, pût fonctionner « dans le plus bref délai » là où elle devait être irrévocablement établie. Malheureusement, ces travaux, entrepris sous le gouvernement de la Restauration avec une incertitude et une lenteur inexplicables, ne furent sérieusement conduits, — on sait d’ailleurs avec quel succès, — qu’à partir du moment où M. Duban en eut pris la direction, après la révolution de Juillet ; en sorte que tout en ayant été transportée sur l’emplacement qu’on lui avait concédé, tout en s’accommodant, faute de mieux, pour les classes et pour les concours, de ce qui restait des bâtimens de l’ancien couvent, la nouvelle École des Beaux-Arts dut attendre pendant près de vingt ans l’achèvement des constructions dont Louis XVIII avait posé la première pierre, et que, sous le règne du roi Louis-Philippe seulement, il fut possible de sortir du régime des installations partielles et des aménagemens provisoires auquel, par la force des choses, il avait bien fallu se résigner.

Cependant, quelles que fussent, pour tout ce qui tenait aux arrangemens matériels, ces difficultés de chaque jour, les mesures réglementaires relatives aux études des élèves et à la fonction des professeurs avaient été immédiatement mises en pratique dans l’École, sans obstacles d’aucune sorte. Nous n’avons pas, au surplus, à entrer ici dans des détails d’organisation intérieure et de discipline qui ne se relient qu’indirectement à notre sujet ; ce qu’il convient simplement d’indiquer, ce sont les relations que le nouvel ordre de choses maintenait ou créait entre l’Académie et l’Ecole, tout en laissant à l’une et à l’autre leurs attributions propres et leur rôle distinct.

L’enseignement pratique qu’il avait appartenu à l’ancienne Académie royale de donner aux apprentis de l’art était devenu, nous le répétons, le lot tout spécial des professeurs attachés à l’École. Seulement, ceux-ci devaient être choisis, sinon parmi les membres de l’Académie exclusivement, au moins parmi des candidats portés sur une liste formée, dans certains cas, en totalité par l’Académie ; dans certains autres, concurremment avec les professeurs déjà en exercice. Or, comme ces fonctionnaires de l’École appartenaient eux-mêmes à l’Académie pour la plupart, il en résultait que les présentations faites par eux avaient le même caractère et en réalité