Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1889 - tome 95.djvu/629

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avec une lumière et une chaleur bien plus intenses, à former enfin en se condensant des foyers ardens : ces foyers sont alors des soleil comme le nôtre. Notre système appartient, en effet, à cette seconde catégorie de formations ; mais il en existe de plus d’une sorte, plus avancées vers leur terme final on plus voisines de leur origine première, qui correspond toujours à un état diffus, ou bien encore constituées autrement que notre système solaire. Il en est ainsi, par exemple, des « amas stellaires, » dans lesquels, au lieu d’un astre central, on aperçoit une multitude de points lumineux, égaux entre eux, distribués avec régularité et dont l’attraction mutuelle, en se balançant, assure la stabilité, sans qu’il soit possible de se rendre compte des particularités inhérentes à un système cosmique aussi éloigné de celui auquel nous appartenons. Ensuite viennent les étoiles doubles, c’est-à-dire les soleils lumineux, autour de chacun desquels circule une planète également lumineuse et presque aussi grande que l’astre qu’elle accompagne, en décrivant une orbite toujours plus ou moins excentrique. Les étoiles isolées, à lumière blanche, comme Sinus, jaunes comme Aldébaran et le soleil lui-même, ou rougeâtres et touchant, à ce que l’on croit, à une phase plus avancée de refroidissement, peuvent et doivent effectivement avoir autour d’elles des planètes obscures, mais impossibles à apercevoir à de pareilles distances. Quoi qu’il en soit, c’est à cette dernière catégorie de mondes et à celle des étoiles jaunes plus particulièrement, qu’il faut rapporter notre soleil avec son cortège de planètes.

La théorie astronomique, admise d’un consentement universel depuis Laplace, entrevue déjà par Emmanuel Kant, fait naître chacun des systèmes dont nous venons de parler de la condensation graduelle des élémens, originairement répandus à l’état de matière diffuse, qu’ils comprenaient. C’est de ce rapprochement, de cette concentration, qu’est sorti le mouvement et avec lui la chaleur et la lumière, finalement la circulation des différentes sphères, principales ou secondaires, obéissant à l’appel de la gravitation, les masses les plus faibles dépendant toujours des plus fortes et se trouvant retenues autour de celles-ci. L’incandescence et la fluidité ont résulté nécessairement de ce mouvement condensateur et du pouvoir comburant des substances destinées à rougir les unes sur les autres et finalement il se combiner. Les planètes ou corps obscurs, tels que la terre, ne diffèrent réellement pas de l’astre central lumineux, dont elles dépendent ; il s’ensuit qu’elles ont eu aussi leur période d’incandescence et de fluidité ignée, pendant laquelle elles n’ont cessé de briller et de se comporter en tout à la façon d’une étoile secondaire par rapport au foyer central, tout en jouant le rôle de ce dernier à l’égard de leurs propres satellites.