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Page:Revue des Deux Mondes - 1894 - tome 121.djvu/169

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Qu’importe un bruit de bugle, un chant faux ou timide ?…
La transposition angélique fut là,
Pour les porter à Dieu dans un accord fluide
Tels qu’aujourd’hui le souvenir me les mêla.

Dans la mémoire lente et processionnelle
D’un cérémonial, où mon âme à genoux
Sur les pas du lointain défilé qui s’annelle
Veuf effeuiller les cœurs de femmes les plus doux !…

. . . . . . . . . . . . . . .


Ô cœur de sainte Flore et cœur de sainte Agathe…
— Le pétale de rose est en forme de cœur…
Fleur de virginité, martyre délicate,
Dont le sang qui s’effeuille est fleur, flamme et liqueur.

Ô cœur de sainte Ursule aux virginaux refuges !
Sur le panneau votif, sous le toit émaillé,
Memling a décoré ta châsse d’or dans Bruges,
Cœur onze mille fois pour la Vierge effeuillé !

Cœur de sainte Marie et de sainte Monique ;
La Mère de Jésus, la Mère d’Augustin.
Ô cœur de Madeleine et cœur de Véronique,
Calvaire aux pleurs de sang, pleurs de nard au festin.

Cœur de sainte Cécile et cœur de sainte Hélène,
— Le pétale de rose est un cœur respiré…
Le bois vrai de la Croix garde encor une haleine
Du Seigneur. — et le bois de l’orgue a soupiré.

Cœur de sainte Bathilde et de sainte Mathilde,
— La rose près du trône a des parfums royaux…
Cœur de sainte Isabelle et de sainte Clotilde,
Le pétale de rose est fait de vos joyaux.