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Page:Revue des Deux Mondes - 1894 - tome 121.djvu/189

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ensemble 2 millions, mais étant donnée la préférence de plus en plus marquée des Havanais pour les cigarettes faites à la main, et l’habitude par eux prise de les ouvrir et de les roulera nouveau avant de les fumer, près de 2 millions sont fabriquées quotidiennement par les Chinois. Telles sont leur expérience et leur agilité de main qu’ils ont conquis le monopole de cette fabrication.


II

Nous avons relaté, dans une précédente étude[1], l’essor pris à Cuba par le commerce des fruits, notamment celui de l’exportation des bananes, dû, en grande partie, à l’intelligente initiative d’un mercanti de Baracoa. Outre les bananes. Cuba produit en abondance la mangue, mangifera Indicus, l’ananas, la goyave, l’orange, le citron, la pomme cannelle, l’avocat, persea gratissima, fruits très recherchés aux États-Unis. Autrefois l’élevage des abeilles constituait une industrie importante ; Cuba exportait alors de grandes quantités de miel et de cire. Délaissé dans ces dernières années, ce genre d’exploitation, encouragé par les demandes croissantes des consommateurs américains, reprend à nouveau et c’est par millions que se chiffre l’exportation aux États-Unis.

Ce résultat en amène un autre. La reprise de l’apiculture à Cuba donne une impulsion vigoureuse à la culture du vanillier, Duranta plumieri, la fécondation artificielle devenant inutile, affirme-t-on, et les abeilles y suppléant. On s’est souvent demandé comment il se fait, alors que des capitaux immenses sont engagés, en Chine et aux Indes, dans la culture du thé, que celle de la vanille, bien autrement lucrative, quoique d’une consommation, autrement restreinte, attire si peu l’attention des planteurs. En gens pratiques, les Américains ont compris les grands bénéfices qu’elle pouvait donner aux Antilles, où le sol et le climat sont des plus favorables à cette liane originaire du Mexique.

On sait que le vanillier est une plante grimpante produisant une espèce de gousse allongée et qui, convenablement préparée, constitue l’article connu dans le commerce sous le nom de vanille. Sa culture exige peu ou point de préparation du sol, à peine s’il est utile de le défricher. Ce qu’il faut au vanillier, c’est, avec beaucoup d’ombre, de la pluie et peu de vent. Un sol calcaire, pierreux même, lui convient. Dans la saison sèche, il ne réclame qu’un arrosage par semaine ; à part cela, peu ou point de soins, pourvu qu’il se trouve à proximité d’arbres autour desquels il puisse s’enrouler et qui lui fournissent l’ombre dont il a besoin. Rien de plus

  1. Voyez la Revue du 1er septembre 1893.