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Page:Revue des Deux Mondes - 1894 - tome 121.djvu/198

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qu’escortait un groupe de chefs vêtus de longues tuniques blanches et de guerriers nus avec lesquels il ne communiquait, que par signes », s’élève aujourd’hui une cité moderne, active et commerçante comme Matanzas et Cardenas, situées plus à l’ouest, ma ritime grâce à son port vaste et sûr, dans lequel se déversent trois grands cours d’eau, navigables sur une partie de leur cours, voies de pénétration qui permettent d’amener à Cienfuegos les produits des nombreuses plantations de l’intérieur. La plupart, ici encore, ont été créées par les capitaux des citoyens américains ; ce sont eux qui ont importé les machines puissantes qui, se substituant à la main-d’œuvre des nègres, ont affranchi du même coup l’esclave et le blanc. À côté des plantations de cannes, les vergers se multiplient, les champs de bananes s’allongent à l’horizon, coupés de haies d’orangers, de citronniers, d’arbres fruitiers dont les produits, expédiés aux États-Unis, font refluer dans l’île l’or que l’Espagne aspire, retardant les progrès de sa colonie, lasse d’un joug onéreux.

Cette lassitude, on la retrouve partout, à La Havane comme à Matanzas, à Cardenas comme à Cienfuegos, à Holguin comme à Santiago surtout, dont la région montueuse et accidentée fut, de tout temps, le repaire des bandes de guérillas, toujours en lutte, toujours défaites et sans cesse renaissantes, qui entretiennent l’agitation dans l’île. La guerre sourde et sans quartier qu’elles font aux troupes espagnoles coûte cher à la métropole, obligée de tenir sur pied des forces considérables pour parer à toute éventualité et de maintenir un perpétue état de siège dans une partie de l’île de Cuba.


III

Puerto-Rico, la seconde des Antilles espagnoles, la quatrième des grandes Antilles par sa superficie, la première par la densité de sa population, est séparée de Cuba par toute l’épaisseur de l’île de Saint-Domingue et par deux cents lieues de mer. Sur une étendue de 11 000 kilomètres carrés, en y comprenant les îles adjacentes de Mona, des Vicques et de Culebra, elle possède 820 000 habitans, soit 85 par kilomètre carré, densité bien supérieure à celle des grandes Antilles qui est de 18, supérieure à celle de l’Espagne, de la France et de l’Autriche-Hongrie. Sur ces 820 000 habitans, près de 500 000 sont de race blanche, 320 000 de race de couleur.

Prolongement de Saint-Domingue, dont la sépare le canal de Mona, large de 120 kilomètres, et à laquelle la relie un plateau sous-marin, Puerto-Rico est, comme les autres grandes Antilles,