Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1894 - tome 121.djvu/314

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des territoires auxquels le roi de France avait renoncé, seraient réglées au congrès sur les bases arrêtées entre elles par les puissances alliées, ils en avaient tiré la conséquence assez naturelle que ces puissances devraient avoir le droit d’établir comme bases les arrangemens dont elles seraient, convenues entre elles. Ces bases devaient ensuite être communiquées à la France et à l’Espagne, qui pourraient dire leur avis et faire, si elles le jugeaient à propos, des objections qui seraient alors discutées.

Afin de se tenir plus exactement sur cette ligne. MM. les plénipotentiaires alliés avaient de plus arrêté qu’ils n’entreraient sur ce sujet en conférence avec ceux des deux autres cours qu’à mesure qu’ils auraient terminé entièrement, et par un parfait accord entre eux, chacun des trois points de la distribution territoriale qui s’appliquaient au duché de Varsovie, à l’Allemagne et à l’Italie.

Ils avaient de plus classé en deux séries les objets qui devaient être traités dans le congrès. La première contenait toutes les questions qualifiées d’européennes. Le travail préparatoire relatif à celles-là devait être confié à un comité dans lequel n’étaient admises que l’Angleterre, la Russie, l’Autriche, la Prusse, la France et l’Espagne, les deux dernières puissances toutefois sous la restriction qui vient d’être dite. La seconde série renfermait tout ce qui était relatif au pacte fédératif de l’Allemagne ; cette matière devait être élaborée dans un autre comité où n’entreraient que l’Autriche, la Prusse, la Bavière, le Hanovre et le Wurtemberg.

On voit que les plénipotentiaires si nombreux dont j’ai fait rémunération se trouvaient par cet arrangement mis en dehors de la scène active, que la plupart d’entre eux étaient réduits au rôle de solliciteurs, car les déterminations une fois prises dans deux comités on ne voit pas comment il eût été possible d’obtenir qu’il y fût fait le moindre changement. Pour les écarter, on avait trouvé un prétexte fort plausible : comment arrivera une solution au milieu d’une foule composée d’hommes dirigés par des idées et des intérêts si contraires ? Comment balancer, comment compter les voix dans une assemblée où le mandataire du plus petit prince d’Allemagne serait venu siéger à côté de celui d’Autriche et de France ? Aussi, malgré ce qui fut d’abord promis, aucune réunion générale des plénipotentiaires n’a. jamais eu lieu. En définitive, au lieu d’un congrès composé de tous les Liais de l’Europe, on a eu un comité des grandes puissances, qui a traité toutes les questions en invitant à accéder à ses décisions celles des autres puissances qui pouvaient s’y trouver intéressées.

Le 30 septembre M. de Metternich invita M. de Talleyrand ainsi que le plénipotentiaire d’Espagne, M. de Labrador, à