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Page:Revue des Deux Mondes - 1894 - tome 121.djvu/422

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LA QUESTION DU BLÉ

La question du blé est destinée à s’imposer de tout temps aux préoccupations des hommes d’Etat français. Sous les régimes passés, il s’agissait d’alimenter suffisamment le pays et de lui épargner, en veillant à l’approvisionnement des marchés, le retour de famines presque périodiques. Aujourd’hui, la situation est pour ainsi dire inverse : ce que l’on semble chercher par-dessus tout, c’est à éloigner la concurrence, à faire disparaître les réserves et, sous prétexte que notre agriculture devrait se suffire à elle-même, à élever des barrières de plus en plus infranchissables sur le pourtour de nos frontières.

Entre ces deux extrêmes a pris place toute une succession de phénomènes économiques et de réglementations diverses qui explique, sans toutefois le justifier, ce changement complet d’attitude.

Sous l’ancienne monarchie, le commerce des céréales, qui n’était guère qu’intérieur et en réalité portait uniquement sui des transactions de localité à localité, de province à province, fut soumis aux dispositions les plus vexatoires. Toutes les combinaisons restrictives furent épuisées à son égard, sans, du reste, amener d’autre résultat que de maintenir ici l’abondance, là la disette ; c’est-à-dire que jamais l’équilibre entre la production et les besoins ne put être établi d’une façon sérieuse, ni durable. Les négocians étaient inutilement traqués ; et la subsistance des peuples demeurant toujours incertaine, le pouvoir n’avait point de repos.

Quant au commerce extérieur, l’autorité royale disparut