Page:Revue des Deux Mondes - 1894 - tome 121.djvu/9

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LES JUIFS
SOUS LA DOMINATION ROMAINE
HÉRODE LE GRAND


I

Dans cet enfer de Judée, autour d’un culte qui n’avait rien de supérieur aux religions du reste du monde, mais qui rapportait à ses exploiteurs des sommes prodigieuses, s’agitaient les passions les plus vives, la cupidité, la cruauté, les mauvaises mœurs. L’esprit d’Israël n’est pas là ; le christianisme ne viendra pas de Jérusalem ; le père de Jésus est probablement déjà né en Galilée, mais il faut que toute destinée s’accomplisse. Avant d’arriver à Jésus, nous avons à traverser Hérode. Hérode a maintenant trente-sept ans. Il est en réelle possession du pouvoir, mais de nombreux ennemis l’entourent. Douze ans s’écouleront encore avant qu’il puisse songer à ce qui fait la jouissance et la gloire d’un souverain.

Hérode était un superbe Arabe, intelligent, habile, brave, fort de corps, dur à la fatigue, très adonné aux femmes. Méhémet-Ali, de notre temps, donne parfaitement sa mesure et sa limite. Capable de tout, même de bassesses, quand il s’agissait d’atteindre l’objet de son ambition, il avait un véritable sentiment du grand ; mais il était en dissonance complète avec le pays qu’il avait voulu gouverner. Il rêvait un avenir profane, et l’avenir d’Israël était