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Page:Revue des Deux Mondes - 1894 - tome 124.djvu/193

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sont dues, en général, à des artistes-professeurs et qui comprennent d’autant mieux les joies et les douleurs du petit monde, remuant et matin, au milieu duquel s’écoule leur existence laborieuse et méritoire. Telles sont les Premières Études de Mme Colin-Libour, le Jour des récompenses de M. Auguste Truphême, la Leçon de Mme Houssay. La Leçon mal apprise par une fillette que réprimande sa grande sœur, de M. Laurent-Gsell, est une jolie étude de physionomie et de lumière. Ce tableau n’est pas de grande dimension, non plus que celui de M. Lomont, le Jeu de volant, où l’on voit quatre fillettes, souples et minces, jouant dans une salle lambrissée qu’éclaire une fenêtre latérale ; mais la dimension ne fait rien à l’affaire. Il y a, dans le petit ouvrage de M. Lomont, de réelles qualités de peintre qui valent mieux que les dimensions. La Répétition de M. Dawant (des enfans de chœur, en robe rouge, chantant sous la conduite d’un maître de chapelle, dans une sacristie) n’est pas non plus bien grande, aussi c’est une vive et amusante mise en scène de gestes et de visages enfantins, plus gaie peut-être et plus communicative que ses grandes toiles. La peinture de M. Lormier, le Benedicite, fête de grand’mère, a plus d’importance ; nulle prétention pourtant à faire d’une scène enfantine une œuvre monumentale. Un intérieur confortable de salle à manger, dans une résidence anglaise, à la campagne, avec une table ronde, copieusement servie de friandises, autour de laquelle sont assis, dévorant avec activité, des gamins et gamines de tout âge ; derrière les enfans, une gouvernante et des servantes dont une négresse. Tous les acteurs de cette scène peu dramatique, mais naïve, ont le grand mérite d’être tout entiers, simplement et consciencieusement, à leur affaire ; la gouvernante gouverne, les servantes servent, les mangeurs mangent, le soleil éclaire. Soleil doux et voilé, soleil d’après-midi, soleil d’automne, qui pénètre tendrement les vitres claires et les rideaux mats d’une lueur calme et heureuse et qui se repose sur tous ces visages calmes et heureux comme pour s’associer, d’un bienveillant sourire, à cette solennité familiale et culinaire. Il n’en faut pas plus pour bien faire quand on connaît son métier comme M. Lormier.

La vie rustique et la vie militaire attirent encore plus de peintres que la vie religieuse et la vie enfantine. La Fin de la récolte au soleil couchant (récolte de pommes de terre), par M. Jules Breton, n’est pas un sujet nouveau dans l’œuvre du maître, mais c’est un de ceux qu’on peut toujours renouveler comme il en donne la preuve, par la vérité naturelle des attitudes et par la fine distribution de la lumière. Comme toujours la toile est de dimension