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Page:Revue des Deux Mondes - 1894 - tome 124.djvu/197

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Confidences et le Pêcheur, de M. Binet, le Repas frugal et le Premier assaut de M. Priant, le Calme de M. Muenier, caractérisent bien leurs tendances particulières dans une manière commune. Il y a plus d’esprit chez le premier, plus de variété et de pénétration chez le second, plus de sentimentalité et de poésie chez le troisième. La fréquentation de l’Algérie a mieux réchauffé plusieurs de leurs camarades, notamment MM. Girardot et Dinet, dont les études diverses, scènes de genre, portraits, études plastiques, paysages, portent toutes la marque d’une recherche personnelle, plus vive et plus brillante chez M. Dinet, plus discrète et plus nuancée chez M. Girardot.

Autour des conscrits grelottans de M. Jeanniot, les troupiers en activité sont assez rares au Champ de Mars. On n’y peut guère signaler que les fantassins vifs et bons enfans de M. Dupray. Aux Champs-Elysées, au contraire, l’uniforme fourmille. Une toile importante, les Cuirassiers de la garde à Rezonville, montre, dans l’évolution du talent de M. Rouffet, l’auteur dramatique de la Fin de l’épopée, une sorte de halte studieuse qui n’est point faite pour inquiéter. Le souci constant du dessin juste et de la ferme exécution qu’on sent dans les divers morceaux de cette composition un peu éparpillée dénote en ce jeune artiste un homme qui se rend compte des difficultés de son métier et qui ne veut pas s’en tenir à des esquisses mouvementées et brillantes. On a remarqué aussi, dans l’ordre anecdotique, un bivouac au clair de lune dans une cour d’habitation, Apres la lutte, par M. Arus.

Le paysage tient une bonne place dans les scènes militaires ; il en tient plus encore dans les scènes de la vie maritime. Les deux toiles de M. Tattegrain, les Quêteuses de l’asile des Vieux Matelots à Berck-sur-Mer et le Débarquement de Vérotiers dans la baie d’Authie sont aussi intéressantes par l’exactitude lumineuse du paysage que par la vérité simple des figures ; il en est de même chez presque tous ceux qui fréquentent les pêcheurs, les paysans, les gens du peuple, soit au Champ de Mars, soit aux Champs-Elysées, peintres français ou peintres étrangers. Parmi ces derniers, MM. Liebermann (Brasseine de campagne en Bavière), Zorn (la Foire), Burnand (le Repas des bergers en Languedoc), Bilbao (la Moisson en Andalousie), Brass (Vieux pêcheurs de Chioggia jouant aux cartes), accusent nettement, par la franchise de l’observation et par les particularités de l’exécution, de la façon la plus curieuse et la plus franche, leurs origines et leurs tendances nationales.

Le nombre des peintres étrangers à remarquer est aussi considérable parmi les paysagistes que parmi les figuristes. Aux