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Page:Revue des Deux Mondes - 1894 - tome 125.djvu/138

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DIEGO VELAZQUEZ

DERNIÈRE PARTIE[1]


VIII

Après avoir réuni et envoyé à Naples pour y être dirigées sur l’Espagne les acquisitions faites pour son maître, Velazquez put enfin songer à regagner sa patrie. Il avait pris ses passeports de manière à suivre la route de terre, mais la guerre avec la France l’obligea de renoncer à ce projet. S’étant donc embarqué à Gênes, il débarquait à Barcelone après une pénible traversée, au mois de juin 1651. Son absence avait duré plus de deux ans et demi. On comprend avec quelle joie il fut accueilli par sa famille et par le roi lui-même, impatient de revoir ce fidèle serviteur. Dès son arrivée, ses appointemens de peintre de la chambre et d’inspecteur des bâtimens lui étaient payés pour tout le temps qu’il avait été éloigné. Mais les occupations toujours plus nombreuses que ces charges imposaient à Velazquez allaient désormais remplir presque tous les momens de sa vie et ne lui laisser qu’une part très restreinte de son temps pour se livrer à la peinture. Cette tendance à élargir leur style qui se manifeste avec l’âge graduellement chez les grands artistes devait chez lui s’accuser davantage encore, à raison de la nécessité où il était d’adopter une manière de plus en plus expéditive, car Philippe IV lui confiait une foule de soins et de commandes dont il attendait la prompte exécution. En dépit de son caractère hautain et renfermé, il montrait un

  1. Voir la Revue du 1er et du 15 août.