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province d’Oran, profita de la présence de la cour marocaine, le long de notre frontière, pour venir, avec quelques troupes, saluer le sultan au nom du gouvernement. Une revue de parade permit à Moulaï-el-Hassan, encore sous l’impression du grave échec que ses armes venaient d’éprouver, de se rendre compte de la précision des mouvemens de nos troupes. Il fut particulièrement émerveillé des manœuvres d’une batterie d’artillerie, commandée par M. le capitaine Laval. Il exprima son admiration, et demanda s’il lui serait possible d’atteindre de pareils résultats avec ses soldats et d’obtenir à cet effet du gouvernement français l’envoi d’instructeurs d’artillerie.

Cette question intéressante devait être reprise et traitée à Fez quelque temps après, lorsque au printemps de 1877 arriva l’ambassade de M. de Vernouillet.

La situation de la mission militaire française détachée au Maroc fut alors définie. Toutefois l’esprit qui avait présidé dans le début à cette excellente institution ne devait pas tarder à être faussé. Au lieu de garder un petit nombre d’officiers vêtus à l’arabe, s’accommodant de la vie du makhzen, parlant la langue, passant assez inaperçus de la masse de la population et rendant de multiples services au sultan, on s’efforça comme à plaisir dans la suite de bouleverser à maintes reprises le petit personnel de cette mission et on déplaça les officiers au risque de mécontenter grandement Sa Majesté Chérifienne, que l’on ne consultait même point sur l’opportunité du départ de ceux qui étaient devenus persona grata. Entré dans cette voie, on ne s’arrêta plus, et le résultat a été déplorable. À la même époque où nous placions nos premiers instructeurs, le ministre d’Angleterre, sir John Drummond Hay, qui connaissait aussi le désir du sultan, lui avait envoyé un ancien officier anglais en qualité d’instructeur général de l’infanterie. Ce personnage est demeuré jusqu’à nos jours dans la même situation, qui à certaines époque a été importante. Puis les Italiens ont obtenu qu’à Fez des officiers de leur corps du génie fussent chargés d’organiser une fabrique d’armes et de munitions et enfin les Espagnols, jaloux de ces avantages apparens, se sont eux-mêmes efforcés de constituer une mission qui n’a jamais reçu d’emploi, si bien qu’il règne à l’heure actuelle une véritable confusion dans ces milieux, chacune des missions coûtant fort cher et ne rendant que des services médiocres.

Durant cette expédition d’Ouchda, le sultan soumit la plaine des Angad, connue aussi sous le nom de désert d’Angad, et qui s’étend jusqu’à la frontière oranaise. Il en fut de même des populations habitant les montagnes qui bordent cette région, telles