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Page:Revue des Deux Mondes - 1894 - tome 125.djvu/824

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n’avaient pas le courage de les renvoyer à leurs familles ; on les admettait donc en mathématiques élémentaires, et là, relégués aux bancs supérieurs, comme des étrangers en subsistance, dispensés tacitement de l’enseignement des mathématiques, négligés par les maîtres, ils en étaient réduits à compléter au moyen de manuels la préparation intermittente et insuffisante qu’ils recevaient. Le reste en usait plus librement. Les uns achetaient le précieux manuel dès la classe de philosophie et menaient de front la préparation régulière du baccalauréat ès lettres et la préparation clandestine du baccalauréat restreint, et souvent il leur arrivait d’obtenir les deux diplômes à la même session, ou l’un en juillet et l’autre en novembre. Ils gagnaient ainsi une année ; mais en courant les deux grades à la fois, ils avaient compromis leur éducation philosophique et ne s’étaient procuré qu’une teinture superficielle des sciences indispensables à de bonnes études médicales. Les autres recouraient aux préparateurs patentés de l’industrie privée. En présence de l’ignorance à peu près générale des candidats, les facultés des sciences se laissaient aller à l’indulgence, et si d’aventure il s’en rencontrait une qui refusât d’abaisser l’examen, elle était immédiatement désertée pour d’autres plus clémentes.

La garantie promise et annoncée restait donc illusoire, et cela au moment précis où l’union de la médecine et des sciences expérimentales, devenant chaque jour plus étroite, exigeait des futurs étudians en médecine une connaissance plus complète des élémens de ces sciences. Aussi, après vingt ans de ce régime décevant, les facultés de médecine prirent-elles le parti héroïque d’organiser elles-mêmes et en elles-mêmes un enseignement complémentaire de ces sciences à l’usage de leurs propres étudians. C’était de leur part sacrifice et pis-aller, car elles ont droit, ce semble, d’exiger qu’on n’entre chez elles qu’en état d’aborder leurs objets particuliers d’études ; mais puisqu’on ne leur livrait que des élèves insuffisamment formés, elles achèveraient de les former elles-mêmes. A tout prendre, cela vaudrait mieux que de les laisser à l’excès ignorans des matières scientifiques. Elles avaient des enseignemens de physique médicale, de chimie médicale, d’histoire naturelle médicale répartis entre diverses années de la scolarité. On les concentra tous dans la première année, au risque de leur enlever ce caractère d’application qu’ils doivent avoir dans une faculté spéciale. A la fin de cette première année, on établit comme barrière un examen, sans lequel nul ne pouvait aborder l’étude de la médecine proprement dite.

« Le premier examen, — disait Wurtz, dans son rapport de 1878 au Conseil supérieur de l’Instruction publique — placé à