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Page:Revue des Deux Mondes - 1894 - tome 125.djvu/826

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double mission : ils doivent d’une part appeler plus spécialement l’attention des élèves sur les questions qui fournissent des applications utiles à la biologie ; ils doivent d’autre part mettre les élèves au courant de ces importantes applications. Pour que les professeurs puissent remplir convenablement la mission qui leur est confiée, pour que leur enseignement soit profitable, il faut donc de toute nécessité que leurs élèves soient suffisamment préparés par de bonnes études scientifiques préliminaires[1]. » (Conseil académique de Paris.)

En même temps, et par un autre effet également naturel des mêmes causes, l’enseignement de première année, dans les facultés de médecine, malgré tous les efforts des maîtres et de leurs auxiliaires, était loin de donner les résultats attendus. Je ne pense pas ici à la difficulté, peut-être insurmontable, d’organiser dans de grandes facultés comme celle de Paris, où les élèves sont foule, cette éducation vraiment scientifique qui ne se donne pas seulement ex cathedra, mais qui résulte bien davantage du travail en commun et par groupes dans les laboratoires : je veux parler de cette infirmité native à laquelle le nouvel enseignement était condamné par la préparation insuffisante des élèves, et à laquelle, sauf en de rares écoles, il n’a pas échappé. On vient de voir que, dès 1882, c’est-à-dire moins de quatre ans après la mise en action du nouveau régime, les plaintes recommençaient sur la faiblesse générale des bacheliers ès sciences restreints. La conséquence, c’est que les facultés de médecine, soucieuses de leur responsabilité, allaient appliquer leur principal effort à remédier à cette faiblesse, à combler cette lacune, par leur enseignement de première année. Mais, par là même, cet enseignement perdait son caractère ; il cessait d’être médical pour devenir préparatoire ; il se dénaturait, il s’abaissait, et les sciences physiques et chimiques prenaient vite, dans les facultés de médecine, le nom significatif de sciences accessoires.

D’ailleurs, en espérant que cette première année pourrait avoir le caractère médical, les auteurs du décret de 1878, plus savans que médecins, ne cédaient-ils pas à une illusion théorique ? En le rapportant devant le Conseil supérieur de l’Instruction publique, Wurtz disait : « Dans le cours des leçons élémentaires consacrées à ces sciences, les applications se présenteront en foule et seront relevées par les professeurs. » Quinze ans plus tard, le professeur Le Fort, au nom de la Faculté de médecine de Paris, écrivait : « Si l’on veut… enseigner aux élèves la chimie et la physique en les envisageant dans leurs rapports intimes

  1. Enquêtes et Documens relatifs à l’enseignement supérieur, t. II.