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l’enseignement secondaire, si l’on y voit surtout un enseignement préparatoire à d’autres études d’un ordre plus spécial ; dans l’enseignement supérieur, si l’on en considère surtout la méthode, qui est bien celle de l’enseignement supérieur, puisqu’elle doit former l’élève avoir et à penser par lui-même. Mais cette question purement théorique et presque oiseuse ne se posait pas devant le Conseil supérieur de l’Instruction publique. Il n’était pas devant une table rase ; on ne lui demandait pas de tracer un plan purement doctrinal. Il se trouvait en présence d’un problème nettement déterminé, et, pour le résoudre, en présence de moyens existans et circonscrits : d’un côté, les lycées et collèges, de l’autre, les facultés des sciences. Lesquels pouvaient le mieux réaliser la fin qu’on se proposait ?

Tout d’abord, en ce qui concerne les lycées, c’eût été une illusion de croire qu’on pourrait se borner à organiser le nouvel enseignement dans quelques-uns seulement, un ou deux par académie. Une administration publique n’est pas toujours maîtresse de ses desseins ; il lui faut compter avec les réclamations de l’opinion. C’est sous sa pression qu’on a multiplié au-delà du nécessaire les classes de mathématiques spéciales préparatoires à l’Ecole polytechnique et les classes préparatoires à Saint-Cyr. Combien, ici, ses réclamations eussent été plus pressantes et plus justifiées !

En somme, en plaçant le nouvel enseignement dans les lycées, on l’eût déclaré partie intégrante de l’enseignement secondaire, on en eût fait l’équivalent du baccalauréat ès sciences restreint condamné et disparu. Dès lors, pourquoi le donner à tel établissement et le refuser à tel autre, alors que toutes les villes ont fait tant de sacrifices pour leurs lycées et leurs collèges, alors surtout que la clientèle, aux besoins de laquelle il fallait pourvoir, se trouve disséminée partout, dans le plus modeste collège de plein exercice, comme dans le lycée le plus florissant ? Pour ce qui est des classes de mathématiques préparatoires à l’Ecole polytechnique et à l’Ecole de Saint-Cyr, on a été conduit à dépasser la mesure. Et pourtant il s’agit là de concours et l’on peut toujours invoquer auprès des familles les nécessités particulières d’une telle préparation. Mais pour un simple examen, pour un examen analogue à celui du baccalauréat, comment leur faire admettre que leurs enfans, une fois leurs classes achevées dans le collège de leur ville natale, ou dans le lycée de leur département, seraient forcés d’aller chercher ce complément de leur instruction secondaire dans un lycée lointain ? D’ailleurs, une autre raison de mettre partout les nouvelles classes dans tous les lycées, dans tous les collèges de plein exercice, en un mot dans tous les établissemens où, par définition, se font des classes complètes, ne tarderait pas