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Page:Revue des Deux Mondes - 1895 - tome 128.djvu/600

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renouvellent pas », par opposition aux dépenses ordinaires, dites « permanentes ». Les dépenses qui ne se renouvellent pas se divisent en ordinaires et extraordinaires selon une classification quelque peu subtile.

Il n’est pas possible de mettre en parallèle le budget allemand avec le nôtre ni avec celui d’aucun autre État centralisé, puisqu’il ne comprend qu’une partie des recettes et des dépenses qui se font sur son territoire. Il faudrait y ajouter la moyenne des budgets prussien, bavarois, saxons, wurtembergeois, etc., pour obtenir un chiffre comparable à celui des pays qui ne sont pas une confédération. Afin d’avoir une idée approximative de ces grandeurs, nous pouvons prendre le budget prussien, qui, si on n’y fait figurer que les produits nets des exploitations, se balance par 707 millions de reichsmarks, et y ajouter les trois cinquièmes du budget allemand, diminué préalablement des 27 millions du fonds des Invalides qui proviennent des revenus d’un fonds patrimonial et des 398 millions de contributions matriculaires des États particuliers, puisque celles-ci se retrouvent dans le budget de chacun d’eux (1286 moins 425 = 861).

Les trois cinquièmes de 861 étant 517 millions, nous aurons 1 224 millions (707 + 517) pour l’ensemble des charges qui pèsent sur trente millions de Prussiens. Le même calcul fait pour les autres États allemands ne donnerait pas un chiffre sensiblement différent : il en résulte une moyenne par tête de 41 marks, soit 51 francs.

Le budget de la France, tel qu’il a été présenté pour 1895, s’élève à 3 354 millions en recettes et en dépenses. Pour le comparer au budget allemand, il faut défalquer de ces dernières les irais de régie, de perception et d’exploitation des impôts publics, ainsi que les remboursemens et restitutions, non-valeurs et primes, dont le total s’élève à 412 millions, plus 32 millions de dépenses sur les chemins de fer de l’État, au total 444 millions, ce qui ramène les charges nettes à 2910 millions. Pour une population de 38 millions d’âmes, ce montant représente 77 francs par habitant. L’écart est grand, nous ne saurions nous le dissimuler, au profit de nos voisins. Un second trait favorable de leurs finances est la part relativement faible des sommes consacrées au service de la dette publique : 72 millions, soit moins de six pour cent du budget de l’Empire. Le budget prussien présente en apparence une proportion toute différente : près de quarante pour cent des dépenses nettes (278 millions sur 707) y sont attribués au service des emprunts ; mais ceux-ci ont été contractés en grande partie pour l’achat des chemins de fer, dont le revenu net s’élève à 347 millions, c’est-à-dire dépasse de beaucoup le total des intérêts