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se faisait en réalité l’agent de l’émigration et de la contre-révolution, malgré les ordres contraires de son gouvernement, Piranesi, jugeant d’un coup d’œil sûr que l’avenir n’était pas là, vendait au gouvernement suédois les secrets de son patron, se livrant au plus vil espionnage. La seconde partie de sa vie est tout occupée par ces basses et obscures intrigues, qui ne laisseraient pas, telles qu’elles se présentent dans sa correspondance inédite, de former une assez curieuse page de l’histoire de Rome pendant les années de l’époque révolutionnaire.

Cependant cet habile homme se sentant, par suite de nouveaux changemens, également compromis avec tous les partis en Suède, s’en détachait complètement, et voyant un nouvel astre se lever à l’horizon après l’occupation de Rome par les armées françaises, il devenait commissaire dans l’administration des finances de la République romaine (1798). Fort menacé cependant au milieu des vicissitudes qui suivirent, il se résolut à embarquer tout son attirail de gravure et alla s’établir à Paris. C’est alors qu’il donna une nouvelle édition des planches exécutées par son père et par lui-même. Il entreprit aussi une fabrique d’objets en terre cuite d’après des modèles antiques, candélabres, vases, etc. L’aide qu’il obtint d’abord du gouvernement français ne suffit pas pour en assurer le succès. La maison Didot lui acheta finalement tout son fonds ; les cuivres de ses gravures furent incorporés dans les collections du Louvre. Il mourut à Paris le 27 janvier 1810, ayant pu voir au musée Napoléon au Louvre quelques-unes des plus belles œuvres de la sculpture antique qu’il avait vues sortir de terre pour enrichir les collections de Rome.


A. GEFFROY.