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Page:Revue des Deux Mondes - 1896 - tome 133.djvu/463

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REVUE LITTÉRAIRE

UNE CONSULTATION

Il y a des gens qui, chaque fois qu’ils trouvent une sottise à faire, ne la ratent pas. On peut compter sur eux. De ce nombre sont ceux que nous avons coutume ici d’appeler « les jeunes » et qui s’appellent entre eux les « jeunes ratés »[1]. D’eux-mêmes, sans provocation et sans excuse, ils viennent de nous donner un témoignage, qui n’est que trop complet, de leur intolérance et de la mesquinerie de leurs procédés de discussion. C’est à l’occasion de la mont d’Alexandre Dumas. Une jeune revue, le Mercure de France, avait organisé une sorte de plébiscite et demandé aux « écrivains nouveaux » ce qu’ils pensent de l’œuvre du dramatiste. Nous n’aimons guère ce genre d’enquête qui ne se prête guère à l’expression d’opinions réfléchies et ne sert ordinairement que les seuls intérêts de la réclame. Néanmoins la question posée pouvait donner lieu à des réponses intéressantes et amener quelque résultat. En formulant des réserves sur le théâtre de Dumas, les écrivains nouveaux pouvaient indiquer par là même la conception qu’ils se font du théâtre. C’était pour eux une occasion de manifester en faveur de leurs théories ou de leurs aspirations. Et c’était une occasion de rallier beaucoup de sympathies. Car ils ont beau se poser en hiérophantes et martyrs, personne ne leur conteste sérieusement le droit de faire autre chose que leurs aînés. On ne les empêche ni d’esquisser des poétiques nouvelles, ni de

  1. Mercure de France, p. 61.