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Page:Revue des Deux Mondes - 1896 - tome 133.djvu/720

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à l’intérieur et s’étend vers la périphérie, au lieu de progresser du périoste vers le centre, comme on l’avait cru autrefois. Un autre cliché représente le doigt d’un enfant, où le diagnostic clinique avait reconnu une affection tuberculeuse ; on distingue nettement l’épaississement du périoste, une attaque de l’articulation et un commencement d’ostéite dans la deuxième phalange, plus transparente que les autres. Il est désormais hors de doute que le nouveau procédé pourra rendre les plus grands services à la médecine et à la chirurgie ; ce serait peine perdue, d’ailleurs, que de chercher à déterminer ce que nous devons prévoir et ce que nous pouvons espérer ; l’événement vient de nous prouver, une fois de plus, que la science sait réaliser des merveilles qui laissent bien loin derrière elles les rêves de la plus brillante imagination.


Ce qu’il importe surtout de se demander, c’est ce qu’il y a de véritablement nouveau dans la découverte d’hier, ce qu’elle apprend et surtout les questions nouvelles qu’elle suscite. Disons d’abord que l’existence de rayons qui traversent les corps opaques n’est pas la chose la plus étonnante, la plus surprenante qu’on ait vue depuis longtemps. La transparence est une propriété toute relative ; nous en avons la preuve en nous-mêmes : pourquoi l’œil humain ne distingue-t-il qu’une partie des rayons solaires, ceux qui sont compris entre le rouge et le violet ? Une des raisons est que les milieux de l’œil, transparens pour ces radiations qui constituent ce que nous appelons du nom purement subjectif de lumière, absorbent les radiations avoisinantes et les arrêtent avant qu’elles aient atteint la rétine. La lentille des objectifs de nos photographes est plus transparente, et ce sont des rayons invisibles surtout qui contribuent à impressionner la plaque sensible. Le verre lui-même devient bientôt très fortement absorbant quand on s’éloigne trop des limites du spectre visible, et, pour pousser plus loin l’étude des radiations, les physiciens doivent employer des lentilles et des prismes, soit de quartz, pour la région ultra-violette, soit de sel gemme pour la région infra-rouge. Inversement, des corps absolument opaques à la lumière peuvent laisser passer les rayons invisibles ; une expérience classique consiste à constituer une lentille par un ballon contenant une dissolution d’iode dans le sulfure de carbone : la liqueur est absolument noire, et cependant la chaleur la traverse et vient se concentrer en un foyer dont la température s’élève rapidement. Une couche d’argent, suffisamment épaisse pour arrêter toute lumière, n’oppose pas un obstacle absolu au passage de rayons photographiques.

On pourrait multiplier les exemples à l’infini, et, depuis longtemps, pour les physiciens, la question ne se pose plus de savoir si un corps