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Page:Revue des Deux Mondes - 1896 - tome 133.djvu/810

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maquereau et la marée fraîche représenteraient aussi des quantités considérables. Les cordiers et chalutiers du seul port de Boulogne, pendant une période de neuf années, ont pris 63 millions de kilogrammes de poissons. Assurément. les statistiques d’autres pays, tels que la Grande-Bretagne, la Norvège et Terre-Neuve, ne donneraient pas des chiffres moins considérables. Cela montre quelle richesse de vie se cache sous les flots des mers actuelles.

Bien que les reptiles soient beaucoup moins variés à notre époque que dans les temps secondaires, ils sont encore nombreux sur certains points. Suivant Alcide d’Orbigny, les caïmans sont répandus par milliers dans la province de Moxos. Le voyageur Leguat, parlant des tortues éteintes de l’île Rodriguez, a écrit ce passage qui prouve la prodigieuse quantité des tortues en 1708 : On en voit quelquefois des troupes de 2 000 et 3 000, de sorte que l’on peut faire plus de 200 pas sur leur dos… sans mettre le pied ã terre. M. A. Milne-Edwards a découvert dans les archives du ministère de la marine une statistique d’après laquelle 30 000 tortues furent enlevées en une année et demie de l’île Rodriguez pour l’approvisionnement de Maurice et de la Réunion. Les serpens venimeux sont si communs dans l’Inde que M. Sauvage dit : en comparaison d’eux, les tigres et les panthères ne sont que des êtres inoffensifs ; d’après des documens officiels, plus de 19 000 personnes ont péri dans l’Inde en une seule année par la morsure des serpens.,

Les animaux à sang chaud surtout se multiplient à notre époque. Livingstone, dans le pays des Makolobos, a rencontré plus de trente espèces différentes d’oiseaux, notamment des centaines d’ibis, des files de 300 pélicans, des myriades de canards, beaucoup d’oies, de hérons, de kalas, de becs-croisés, de marabouts, de spatules, de flamans, une énorme quantité de mouettes et de grues. Delegorgue a fait aussi des peintures qui montrent la richesse des oiseaux ; il parle de 500 à 1 000 vautours sur un seul cadavre d’éléphant : Rien, dit-il, n’est plus curieux pour le chasseur que de voir à son approche s’enlever, tournoyant dans l’air, cette masse d’êtres emplumés qui forme au-dessus de lui une espèce d’immense dais mobile. Alcide d’Orbigny, dans son voyage en Bolivie, descendant le Mamore, trouve ses rives animées par une quantité innombrable d’oiseaux de rivage. Le tantale, par troupes de quelques milliers, se promenait à pas lents sur les parties vaseuses, en compagnie de la spatule rose au des blanches-aigrettes, tandis que les bancs de sable étaient couverts de becs-en-ciseaux et d’hirondelles de mer… mêlés à beaucoup d’engoulevens. Dans