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Page:Revue des Deux Mondes - 1896 - tome 133.djvu/903

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et dont l’importance relative varie avec le prix d’émission des obligations. Un calcul approché permet d’évaluer au tiers des sommes absorbées par le remboursement de la dette, la part afférente à la prime ; le surplus représente, sans aucun doute, un amortissement réel.

Non seulement on amortit progressivement le capital qui a servi à créer le réseau de nos chemins de fer, mais encore on retranche immédiatement de ce capital, en les faisant rembourser par le compte de l’entretien, toutes les dépenses faites pour du matériel qui cesse d’être utilisé, pour des installations que l’on supprime, en les remplaçant par d’autres, etc. C’est là une des causes qui ont grevé lourdement le compte d’exploitation, dans les derniers exercices, au cours desquels on a dû transformer les gares de Paris, remplacer les anciens viaducs de la Seine, etc. Les compagnies ont souvent demandé l’autorisation d’alléger leurs charges immédiates, en laissant figurer au compte d’établissement les dépenses qui y ont été régulièrement inscrites dans le passé, même quand les travaux faits sont détruits ; le gouvernement, de son côté a été parfois tenté d’accepter ce moyen pour soulager les garanties, en considérant comme excessifs, eu égard à la situation financière, les sacrifices faits pour l’amortissement des capitaux dépensés pour les chemins de fer.

C’est avec grande raison qu’on a résisté à cette tentation. Loin de considérer l’amortissement actuel comme excessif, nous inclinerions à trouver bien long le délai à courir d’ici à ce qu’il soit terminé. Dans un siècle de découvertes industrielles comme le nôtre, les progrès de la science peuvent, à chaque instant, amener des inventions qui obligent à des transformations radicales et très onéreuses de nos voies actuelles ; on ne saurait donc les amortir trop rapidement. Sans doute, quand le délai restant à courir sur les concessions sera tellement réduit que l’amortissement entrerait pour moitié dans les charges des emprunts nouveaux, il faudra bien adopter une nouvelle échéance, pour ne pas rendre tout travail neuf impossible ; le fait se produirait, pour des emprunts contractés aux environs de 3 pour 100, vingt ou vingt-cinq ans avant la fin de la concession. D’ici là, il est sage de ne rien faire qui ralentisse l’amortissement. Mais tout en reconnaissant le caractère aléatoire de la valeur que présentera notre réseau dans plus d’un demi-siècle, on ne peut contester que son retour gratuit à l’État, obtenu grâce à l’amortissement automatique du capital, constitue une compensation des sacrifices budgétaires actuels, dont il importe de tenir compte.