Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1896 - tome 133.djvu/915

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quand celui-ci se déclare hors d’état d’assurer le service dans certaines conditions, ou quand il reconnaît le bien fondé des demandes du public ou du personnel. La véritable source d’économies, dans l’exploitation des chemins de fer, c’est l’intérêt qu’ont les compagnies à réduire leurs dépenses. Il n’est pas de contrôle extérieur qui puisse exercer une action comparable à celle des chefs préposés à l’organisation des services, au choix et à l’avancement de tout le personnel, lorsque ces chefs sont dévoués à leur tâche et capables de la remplir ; il n’en est pas qui puisse suppléer à cette action, le jour où elle cesserait de s’exercer.

Ce jour-là est-il venu ? On le dit quelquefois, et ce qui est singulier, c’est que ce sont les mêmes adversaires qui tantôt reprochent aux compagnies de s’endormir sur l’oreiller de la garantie, tantôt critiquent leur âpreté au gain et leurs exigences vis-à-vis de leur clientèle ou de leur personnel. En pratique, le contact quotidien des chefs de service des compagnies ne permet pas de douter de ce fait, que la préoccupation de réduire leurs dépenses est chez eux générale. L’administration n’a que rarement à les y pousser ; tout ce qu’il faut, c’est qu’elle ne les en empêche que dans les cas où un intérêt public l’exige. A cet égard, l’orientation donnée aux services de contrôle est fort importante. Trop souvent, elle a tendu uniquement à rechercher quelles améliorations on pourrait imposer aux compagnies, sans grand souci de la dépense. Aujourd’hui, on doit envisager toute dépense des concessionnaires de nos grands réseaux comme une dépense budgétaire, et n’inciter, par suite, les compagnies à faire, pour le public comme pour leurs agens, que ce que l’on proposerait de faire, s’il s’agissait d’un service alimenté directement par les deniers de l’État. Que les pouvoirs publics ne poussent pas à la dépense ; on peut compter sur l’intérêt des compagnies pour pousser à l’économie.

Notre organisation offre d’ailleurs, à ce point de vue, ce grand avantage, que la plupart des chefs de service des compagnies sont recrutés dans des corps de fonctionnaires habitués, par leur origine et leur éducation, a ne point considérer l’intérêt de l’État et du budget comme un intérêt étranger. Cela seul peut expliquer que, si souvent, on les voie lutter avec énergie pour prévenir le gaspillage des deniers publics, dans des cas où, par le mécanisme des conventions, le Trésor public est infiniment plus intéressé que leur compagnie à éviter une dépense inutile.


Il n’en est pas moins vrai que le véritable danger, avec notre régime de garantie, serait d’arriver à une situation telle qu’une