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Page:Revue des Deux Mondes - 1896 - tome 133.djvu/918

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dans une très large mesure, les sacrifices du Trésor, parce qu’une fois les dépenses faites et les titres émis et classés en raison du revenu qui leur est garanti, il est impossible de leur retirer les avantages résultant de contrats approuvés par les Chambres ; si l’on a eu tort de secourir les grandes compagnies aux frais des contribuables en 1859, comme de racheter les petites à un prix excessif en 1878. c’est aujourd’hui un fait accompli. Mais on peut associer davantage les compagnies existantes à l’aléa de exploitation, en gain ou en perte. Les compagnies ne se prêtent pas volontiers à des modifications de cette nature, parce quelles apprécient avant tout la stabilité du revenu. Cependant, en saisissant les occasions, L’Etat peut faire aboutir des conventions conçues dans cet ordre d’idées, pourvu qu’il soit décidé à faire des concessions équivalentes à celles qu’il veut obtenir. Ces concessions ne constitueront un sacrifice qu’en apparence, si elles préviennent ce qu’il y aurait de plus onéreux pour l’Etat, la transformation des compagnies en régies désintéressées, exploitant uniquement pour le compte du Trésor public.

Même sans modifier les contrats actuels, cette déplorable situation parait encore pouvoir être évitée. si les pouvoirs publics et l’administration sont bien pénétrés de l’intérêt capital qui s’attache à ce que les compagnies ne deviennent pas insolvables. si les représentans de l’Etat ont le courage d’orienter résolument leur action dans ce sens. Nous l’avons dit au début de ces études nous le répétons en les terminant : la véritable difficulté de la situation se trouve dans ce fait, que l’impopularité encourue naturellement par quiconque se voue à la défense des intérêts budgétaires. est doublée quand ces intérêts sont liés à ceux des compagnies. Si, dans ces conditions, les représentans de l’Etat, oublieux de leur devoir, se laissaient aller à trahir ses intérêts. faute d’oser les défendre, dans tous les cas où la loi les a associés à ceux de sociétés privées. le rachat général resterait la seule solution de la question des chemins de fer.

Ce rachat serait sans doute une mesure d’une grande gravite. Nous croyons cependant qu’il serait préférable au régime de exploitation par des compagnies garanties. si l’état d’hostilité sourde des pouvoirs publics contre celles-ci devait se prolonger et s’accentuer. et s’il devait. en ébranlant le crédit de ces compagnies, en entravant le développement de leurs recettes, en augmentant leurs dépenses, les amener à la situation d’insolvabilité vis-à-vis du Trésor public.

Le rachat ne serait pas sans entraîner de grosses difficultés contentieuses. Nous n’avons pas à les discuter ici. Mais nous considérons