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Page:Revue des Deux Mondes - 1897 - tome 139.djvu/639

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grappe pendante de la vigne, change en vin l’eau de la terre et du ciel. Le Christ est tout ce qui ressuscite au printemps, tout ce qui luit sur la montagne, tout ce qui désaltère en venant des hauts sommets. Il est la Nature ; il est la Beauté; il est l’Amour. On ne peut s’étonner que le disciple de la Beauté soit son disciple, ni que, parvenu à l’occident de sa vie, en septembre 1888, faisant son testament intellectuel, et rassemblant en un faisceau toutes ses clartés, comme le soleil qui, au moment de disparaître, rappelle à lui tous les rayons qu’il prodigua pendant le jour, Ruskin nous dise : « Et maintenant, en écrivant sous la paix sans nuages des neiges de Chamonix ce qui doit être réellement le dernier mot du livre que leur beauté inspira et que leur force guida, je me sens, d’un cœur plus joyeux et plus calme qu’il n’a jamais été jusqu’ici, capable de raffermir ma plus simple assurance de foi, — c’est-à-dire que la connaissance de ce qui est beau est le vrai chemin et le premier échelon vers la connaissance des choses qui sont bonnes et d’un bon rapport, et que les lois, la vie et la joie de la Beauté dans le monde matériel de Dieu sont des parts aussi éternelles et aussi sacrées de sa création que, dans le monde des esprits, la vertu et, dans le monde des anges, l’adoration. »


ROBERT DE LA SIZERANNE.