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Page:Revue des Deux Mondes - 1897 - tome 140.djvu/107

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seulement, encore en chantiers, le Guichen et le Château-Renault, répondent à peu près aux conditions de la guerre de croisière dans l’Atlantique nord. Ces 13 navires déplacent 78 000 tonnes.

1 transport d’escadre, la Foudre, de 6 000 tonneaux.

Ainsi, toutes réserves faites sur les utilisations provisoires que nous nous reprochons déjà d’avoir admises, la flotte française de 1898 représentera 480 000 tonnes de bâtimens de combat, au lieu de 650 000.

Nous avons donc 170 000 tonnes à construire dans le plus bref délai possible, c’est-à-dire en quatre ans. Encore, au lieu de 170 000, serait-il sage de compter 200 000 tonnes, en raison des radiations qui seront faites dans ces quatre années sur la liste de la flotte de première ligne.

Eh bien ! par quels chiffres va se traduire l’effort financier correspondant ?

200 000 tonnes à 3 000 francs la tonne en moyenne (la tonne de cuirassé et de croiseur-corsaire ne dépasse guère 2 300 à 2 400 francs ; mais la tonne de torpilleur va jusqu’à 5 000 et 6 000 francs), cela fait 600 millions. Il serait même sage de tenir compte d’une inévitable majoration de toutes les matières nécessaires à la construction navale, à moins que, par exception, et en faveur d’un intérêt national bien constaté, le parlement autorisât l’administration de la marine à faire appel aux ressources des grands établissemens métallurgiques de l’étranger[1]. En tout cas on peut légitimement, pour balancer cette majoration, faire état d’une certaine atténuation du prix de revient de l’unité si, comme il y a lieu de l’espérer, des types bien conçus et bien étudiés sont répétés à plusieurs exemplaires.

Maintenons par conséquent nos 600 millions. Le chiffre est gros sans doute, mais il ne faut pas perdre de vue que, chaque année déjà, on inscrit 80 millions en moyenne au budget de nos constructions, ce qui, en quatre ans, fait 320 millions. Il n’y en a donc plus que 280 à demandera un budget extraordinaire, et il n’y en aurait que 200, si nous augmentions d’une année le terme

  1. Cet appel s’imposerait d’ailleurs à d’autres points de vue ; il est douteux que nos forges et que nos usines puissent fournir en quatre ans à la marine de guerre les tôles d’acier, les fers profilés, les plaques de cuirasse, les objets confectionnés de toute espèce, chaudières, machineries diverses, élémens de canon, etc., qui seraient nécessaires ; il l’est surtout que cette fourniture « intensive » ne lèse pas les intérêts de la construction commerciale, et déjà, au parlement, des réserves ont été faites par les représentans des armateurs.