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rentes et justifient ce cours par un budget plus qu’équilibré. Les obligations 6 pour 100 de Madagascar vont au premier jour être converties. Les actions des banques coloniales, en particulier celles de la Banque de l’Algérie, de la Banque de l’Indo-Chine qui a pris une place considérable en Asie, les chemins de fer algériens et sénégalais, ceux de la Réunion, les actions d’entreprises particulières, portent à 200 millions le chiffre minimum de cette catégorie.

Dans le reste de l’Afrique, en dehors de l’Egypte et de nos colonies, notre activité, jusque vers les derniers temps, avait été plutôt commerciale que financière. Nous avions pris part à la fondation d’entreprises industrielles au Congo, au Mozambique ; nous avions souscrit à une certaine quantité des lots émis par l’État indépendant du Congo, titres d’une nature particulière, qui ne rapportent pas d’intérêts, mais sont remboursables avec une prime d’autant plus forte que l’époque de l’amortissement est plus éloignée de celle de l’émission. Mais tout récemment s’est produit un mouvement africain d’une violence inaccoutumée : il n’est pas besoin de rappeler la fièvre qui s’empara des marchés de Londres et de Paris en 1895 et qui leur fit absorber des milliards de titres des mines d’or et de sociétés d’exploration sud-africaines, titres dont un certain nombre n’avaient pas de valeur réelle et dont les autres furent poussés à des cours que ne justifiaient pas les développemens des entreprises, sur lesquelles la spéculation se jetait avec une avidité irréfléchie. Il est impossible d’évaluer les sommes qui furent perdues ou compromises dans cette tourmente. Mais il est probable que la valeur actuelle des titres restés en France, en y comprenant la République sud-Africaine proprement dite, vulgairement Transvaal, les pays de protectorat britannique désignés sous le nom de Chartered, les territoires portugais de Mozambique, la colonie du Cap, où se trouvent les fameuses mines de diamans De Beers, s’élève encore à 7 ou 800 millions de francs.

Le total de nos évaluations s’élève à 26 milliards de francs environ, chiffre que nous considérons comme plutôt inférieur que supérieur à la réalité : déjà en 1870 nos placemens au dehors s’approchaient de 20 milliards, et l’augmentation depuis lors a dû être de plus du quart, bien que la progression de notre fortune générale, ainsi que l’a démontré M. Paul Leroy-Beaulieu, se soit beaucoup ralentie dans les dernières années.