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Page:Revue des Deux Mondes - 1897 - tome 140.djvu/662

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POESIE
DIPTYQUE BYZANTIN

L’AUTOKRATOR


Terreur sur les trois mers, effroi sur les sept monts ;
L’Empire et la Cité gisent dans leurs décombres ;
Car de ses bords gelés et de ses forêts sombres
Le Danube natal a vomi les démons.

La flamme est moins subite et le vent moins rapide
Que le vol furieux des fauves cavaliers ;
Ils vont où Dieu les jette, aveugles, par milliers,
Le Hun poussant le Scythe, et l’Avar le Gépide.

Le diadème au front et le globe à la main,
Sœur auguste de Rome éternelle et sacrée.
Toi qui, dans la splendeur de ta robe pourprée,
Te révélais déesse à l’univers romain,

Byzance ! où sont les toits d’argent que l’aube dore,
La mosaïque ardente aux murs de tes palais
Et les blanches villas dont les mouvans reflets
S’irisaient sous la lune, aux flots bleus du Bosphore ?

Toi qui, parmi les fleurs dormant ton clair sommeil.
Au poids de tes trésors payais ta quiétude
Et sans peur, dédaignant le fer du glaive rude,
Mirais ta beauté grecque en ton golfe vermeil ;