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Page:Revue des Deux Mondes - 1897 - tome 140.djvu/824

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des tuyaux en fonte de 30 centimètres. Elles effectuent ainsi un parcours de 10 kilomètres jusqu’à la voirie de Bondy. Des ouvriers spéciaux, débardeurs et ringueurs, activent par une agitation méthodique l’œuvre de la machine, et ne paraissent pas trop souffrir de leur séjour dans ces cloaques, où ils chantent. En approchant des trémies on entend leurs voix claires monter du fond des souterrains. Il est vrai qu’un ventilateur puissant fonctionne sans arrêt et que des cuves de sulfate de fer sont à la portée des ringueurs, qui répandent en abondance ce désinfectant tout alentour. Des boissons chaudes, aromatisées avec du rhum, leur sont distribuées de temps à autre et, dans un poste de repos, des douches d’eau tiède les attendent.


V

Quoiqu’il nous semble indispensable d’assigner aux diverses pièces du logis une destination fixe, de les diviser en salons, chambres à coucher, salle à manger et antichambre, cette répartition est assez récente. Quant aux corridors, permettant d’accéder directement à chacun des compartimens d’une même demeure, sans être obligé de les traverser tous, ils étaient inconnus jusqu’au XVIIe siècle, même dans les palais royaux; témoin Fontainebleau, Saint-Germain ou le Louvre, plus mal distribués sous ce rapport qu’un appartement actuel de 1 500 francs. A plus forte raison les constructions princières de la capitale du moyen âge, les hôtels d’Orléans, au faubourg Saint-Victor, de Nesle, des Ursins, d’Artois ou de Bourgogne, véritables forteresses avec trois étages de caves et des murs de six pieds d’épaisseur.

Quant à la plèbe des bicoques minables, de une à trois fenêtres, leurs pièces ne se commandaient pas, puisqu’elles n’en avaient que deux, l’une sur la rue, l’autre sur la cour. On entrait au rez-de-chaussée dans la salle ou la boutique par un passage obscur, dont l’extrémité aboutissait à la cuisine et à l’escalier; sur le palier du premier étage débouchaient la chambre et le cabinet. Durant cinq siècles, cette disposition persista invariable. Chez les riches les pièces étaient plus amples, elles étaient mieux décorées, mais elles n’étaient guère plus nombreuses : une salle d’un côté, une chambre de l’autre, un escalier au milieu, c’est là tout ce qu’on savait faire sous Henri IV. « Plusieurs cependant, remarquait un contemporain, commencent, sans être de grande