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Page:Revue des Deux Mondes - 1897 - tome 140.djvu/908

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du monde, voyait s’accentuer rapidement sa décadence en face des progrès continus de Gênes. Ce n’est pas que le rétablissement de relations amicales, au point de vue commercial, entre la France et l’Italie, puisse suffire pour rendre d’un coup de baguette la prospérité à Marseille, dont le déclin, comme le progrès de Gênes, tient à beaucoup d’autres causes.

Le déclin du port de Marseille date du percement des tunnels du Mont-Cenis et du Saint-Gothard, et de l’ouverture de nouvelles routes commerciales passant par ces tunnels. Ce qui nuisait à Marseille, rendait en quelque sorte la vie à Venise, à Trieste, à Salonique, à Gênes surtout. Le Saint-Gothard a réduit à 532 kilomètres la distance de Baie à Gênes, tandis qu’il y a 773 kilomètres de Bâle à Marseille. Dès 1885, la nouvelle ligne enlevait au réseau français un trafic de 150 000 tonnes.

En 1888, un mémoire adressé au ministère du commerce déclarait que le meilleur moyen d’empêcher le percement éventuel du Simplon d’être nuisible aux intérêts français méditerranéens était d’achever les améliorations du cours du Rhône et de construire le canal de jonction de Marseille à ce fleuve, faisant ainsi de Lyon le point terminus de navigation de la Méditerranée. C’est aussi, on le sait, l’opinion très déterminée de M. J. Charles-Roux, et de tout le commerce marseillais.

Une cause incontestable d’infériorité, souvent dénoncée, pour tous nos ports, est le caractère excessif de certaines taxes qui y sont imposées aux navires qui les visitent, et notamment du droit de quai, établi par l’article 6 de la loi du 30 janvier 1872.

Une proposition faite à la Chambre et émanant de l’initiative parlementaire, tendant au remaniement de cette taxe, a été l’objet d’un rapport de M. de Lasteyrie, favorable au principe de la proposition, mais concluant à l’adoption d’un système un peu différent de celui qui était proposé. Le droit de quai, fait observer le rapporteur, ne représente point le prix d’un service rendu. C’est un droit purement fiscal, établi comme tant d’autres au lendemain de la guerre, et dont la survivance n’a plus de raison d’être, au moins sous sa forme actuelle. Du reste, l’assiette du droit a déjà été modifiée à plusieurs reprises ; un remaniement plus complet est réclamé par un grand nombre de chambres de commerce et notamment par celles des ports d’escale.

Il a été entendu, dit-on, que le droit de quai est en fait un impôt sur les marchandises importées, et il ne devrait par conséquent