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Page:Revue des Deux Mondes - 1897 - tome 142.djvu/182

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2 100 francs — ce pauvre roi détrôné ! Que ne peut-on intéresser à son sort le jeune Résident et le Wazir ? On objecte que le Ladak, par son altitude et son sol, produit peu, que les meilleures oasis appartiennent aux Gompas qui les font valoir par leurs métayers et qu’elles ne rapportent rien au gouvernement.

En grande pompe, comme nous sommes arrivés, nous quittons Himis, accompagnés jusqu’à l’Indus par le Shagjhot du Gompa. Tout le monde alors descend de cheval : salamalecs et adieux à tous. Mon aimable protecteur himalayen, M. Dauvergne, s’en est déjà allé pour quelque chasse dans les hautes montagnes ; et le gros Wazir va reprendre possession de son joint et pouvoir se montrer aux populations sur la même ligne que le fonctionnaire anglais. Toujours même vanité chez les indigènes : peu importe comme on les traite et les opprime dans le tête-à-tête, pourvu qu’on leur fasse honneur devant le public. C’est la politique anglaise. Je prends seule la route du nord-est et du lac Pangong par une haute passe, — 900 mètres au-dessus du Mont-Blanc, — je serai bientôt à une ou deux marches du territoire chinois et à sept jours de Rudok ; un bon coup de fouet m’élève au-dessus d’un rapide raidillon, tandis que le dernier Européen redescend l’Indus avec sa suite. Son mouchoir agité à l’anglaise disparaît bientôt, et je m’en vais à la garde de Dieu, heureuse du grand espace et des beaux déserts des hautes altitudes.


ISABELLE MASSIEU.