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Page:Revue des Deux Mondes - 1897 - tome 142.djvu/735

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LES LUTTES ENTRE L’ÉGLISE ET L’ÉTAT.

Siège subit presque sans contester ces épreuves de fait. Mais la Pragmatique affirme une doctrine religieuse, et l’acte a été signé par l’Église de France : contre la déclaration de foi, l’incompétence des témoins, l’erreur du témoignage, la papauté ne cesse de se lever. Elle veut que la formule usurpatrice cesse de troubler l’orthodoxie catholique : elle le veut si fortement qu’après trois quarts de siècle elle l’obtient. Le Concordat qu’elle signe avec François Ier et qui abolit la Pragmatique est la première défaite du gallicanisme religieux. Les dépouilles du vaincu sont bien inégalement partagées entre les vainqueurs. Léon X abandonne à François Ier la nomination aux dignités de l’Église et ne se réserve que l’investiture canonique. Le droit de choisir une immense clientèle, de lui distribuer les richesses ecclésiastiques, de s’approprier les revenus vacans, sont la part de la royauté. Le gain du pape se borne à l’abaissement de l’Église gallicane. Elle lui a refusé une part sur les revenus ecclésiastiques, elle a prétendu suffire par son propre suffrage à la formation de sa hiérarchie. Le pape, en déléguant à la royauté le droit de désigner aux charges et de distribuer les bénéfices, prouve que lui seul le possédait. La supériorité du concile général sur la papauté cesse d’être un « canon » en France. Sans doute l’infaillibilité du pape n’est pas affirmée expressément, mais la place devient libre pour cette croyance et, si elle doit plus tard être érigée en dogme, elle ne se heurtera pas à une erreur séculaire et endurcie en tradition nationale. De même, longanime envers Henry VIII et les princes germaniques, tant qu’elle a seulement à souffrir de leurs vices, la papauté, dès qu’elle entend l’appel fait par ces souverains aux Églises d’Angleterre et d’Allemagne et soupçonne la complicité de ces clergés, n’admet plus ni accommodement ni délai. Il faut que l’erreur consomme entièrement sa révolte, si elle ne veut pas se soumettre entièrement comme en France. Et lorsqu’en France renaît, avec la Déclaration de 1682, l’erreur doctrinale, ni le prestige de Louis XIV, ni l’intérêt de ne pas s’aliéner la nation très chrétienne, ni les menaces ouvertes de rupture ne déconcertent l’intrépidité soudaine de Rome. Il faut que les évêques français rétractent la Déclaration, que Louis XIV lui-même l’abandonne par une lettre au Souverain Pontife. Satisfaite sur ce point, la papauté revient à sa douceur résignée, et tolère que le roi exerce, en invoquant les coutumes du royaume, les prérogatives gallicanes. Contre lui, comme contre ses prédécesseurs et tous les