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Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 146.djvu/121

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athénienne, où, sous ce titre : Quid Phidiæ Plato debuerit, il s’attachait à démêler les affinités qui, par l’intermédiaire de la conception religieuse, avaient pu naître entre le plus grand sculpteur et le plus idéaliste philosophe de la Grèce. Et ce n’était pas la première fois qu’il abordait ce sujet : il l’avait traité, à un autre point de vue en 1851, et sous ce titre : De l’Accord entre les monumens grecs et la nature qui les entourait, il en avait fait la conclusion[1] de l’article de la Revue que j’ai cru devoir rappeler. Mais, quoique cet essai eût l’étendue d’un mémoire, quoique l’auteur y eût mis tous ses soins et s’y fut appuyé sur des faits scrupuleusement observés, quoique la question y fût posée en termes précis, elle demandait à cire reprise. Elle l’a été ici même le 1er février 1892, par M. Georges Perrot, dans le cadre le plus ample, avec l’autorité que donnent de longues années de voyages et d’études et les méthodes d’un ferme esprit, appliquées non pas exclusivement, mais surtout à l’interprétation des textes historiques et des documens archéologiques. Toutefois, en 1802, trente ans auparavant, avec un autre point de départ et dans un autre sentiment, le sujet avait été traité par M. Emile Gebhart, dans son Praxitèle[2]. On lit à la quatrième page : « Il n’est pas seulement question ici de Praxitèle et de la sculpture antique. Dans la Grèce de Périclès et d’Alexandre, toutes les œuvres de la pensée, toutes les manifestations de l’intelligence, la philosophie, les mœurs, la poésie, la politique et les arts se sont développés avec logique et harmonie. » Et un peu plus loin : « Ce travail est donc plutôt philosophique qu’archéologique… La méthode philosophique retrace les ensembles et reconstitue la vie. L’histoire de la civilisation et des arts de la Grèce étudiée ainsi nous a paru d’une simplicité et d’une beauté merveilleuses. » L’ouvrage, en effet, est d’un philosophe et, quoiqu’une érudition très sûre y abonde, il est animé du commencement à la fin d’un souffle d’esthétique. Conçu en Grèce aux jours heureux de la jeunesse, il en a retenu la fraîcheur et le charme ; écrit à Athènes, il porte à chaque page la marque de son origine.

Dans cet ordre de travaux, je dois une place à Charles Bigot.

  1. Conclusion reproduite, sur l’invitation de nos amis, en forme d’appendice, à la fin du 1er volume de la Science du beau.
  2. Praxitèle, Essai sur l’histoire de l’art et du génie grecs, depuis l’époque de Périclès jusqu’à celle d’Alexandre. — Ouvrage publié sous les auspices de S. E. M. Duruy, ministre de l’Instruction publique (et dédié à M. Daveluy). Paris, P. Tandon et Cie, 1864. — Voyez, sur ce livre, la Revue du 13 octobre 1865.